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viernes, 21 de marzo de 2014

Comprend-t-on pourquoi il y a 15 jours, en Ukraine, 100 personnes se sont entretuées sur en une journée ? Le comprenez-vous vraiment ?


Ukraine : ces médias qui nous mènent
 droit à la guerre mondiale


par Le Scribe


Pro-Européens contre pro-Russes ? Jeunesse éprise de « liberté » et de Coca-Cola, contre nostalgiques de l’Armée rouge et du goulag ? Gentils progressistes féministes multiculturels (Ouais! Trop lol !) contre méchants réactionnaires homophobes racistes (Bouh ! facho !) ? Êtes-vous sûr de posséder les bonnes grilles de lecture du monde, celles qui, par exemple, vous permettent de comprendre la fracture apparue violemment en Ukraine en ce début d’année 2014 ?



Fin de l’Histoire ?

Peut-être avez-vous l’intuition que ces oppositions binaires sont un peu courtes, voire trompeuses ? Peut-être êtes-vous parfois saisi par l’étrange sentiment que le prêt-à-penser servi nuit et jour sur nos écrans par la société du spectacle ne fournit pas à votre entendement le moindre début d’explication du monde satisfaisante ?

L’Histoire des hommes naît des tensions entre ceux-ci : ces tensions créent des conflits, des victoires, des défaites, et des changements dans l’ordre établi. Notre société occidentale de ce début de XXIe siècle vit dans la croyance que l’Histoire est finie (cf. théorie de Francis Fukuyama) : le mur de Berlin est tombé, on a gagné, et le monde va progressivement converger vers une « civilisation » unifiée parlant anglais, buvant du Coca et pianotant sur Facebook. Toute alternative et forcément mauvaise et rétrograde, l’Autre n’est plus un concept possible, les tensions sont supprimées, l’Histoire est finie.

Mais il se pourrait que l’Histoire ne soit pas finie. Peut-être le pensez-vous aussi ?

La tectonique des plaques

De la même façon que les forces souterraines président aux tensions qui travaillent la croute terrestre, les idées des hommes président aux tensions qui travaillent l’humanité ; elles sont irrépressibles, leurs effets sont invisibles en surface, mais leur puissance s’emmagasine petit à petit dans les profondeurs de la société. Jusqu’au jour où les résistances cèdent, et c’est le tremblement de terre.

Connaître les idées qui travaillent le monde, c’est avoir la grille de lecture permettant de comprendre les lignes de fractures. Au XVIe siècle, c’est le schisme dans l’Église qui explique les conflits qui déchirent l’Europe et la France ; catholiques et protestants portent deux conceptions antinomiques de ce que doit être la société. Grâce à ce prisme que nous fournit la connaissance des idées religieuses, nous donnons du sens aux événements, nous comprenons l’Histoire ; nous comprenons par exemple pourquoi, par une belle nuit d’été de l’an de grâce 1572, des milliers de Parisiens ont assassiné leurs voisins.

Mais comprend-t-on pourquoi il y a 15 jours, en Ukraine, 100 personnes se sont entretuées sur en une journée ? Le comprenez-vous vraiment ?

Et en France comprend-t-on vraiment ce qui est à l’origine des tensions de plus en plus vives au sein de la société ? Que nous propose-t-on comme grille de lecture ? La gauche contre la droite ? Les républicains contre le Front national ? La République contre Dieudonné ? Les racistes contre les immigrés ? Les progressistes contre les réactionnaires ? L’ordre républicain contre les forces sombres ?

Vous savez bien que ces étiquettes éculées ne disent rien, ne sont que des facilités de langage pour journalistes fainéants et radoteurs, des oppositions imaginaires qui en disent plus long sur ceux qui les assènent que sur la réalité qu’elles sont censées décrire. Les médias ne voient plus le monde depuis longtemps, ils projettent sur lui leurs fantasmes, leur morale binaire.

En réalité, la mécanique médiatique à l’œuvre face à une tension qui se fait jour est toujours la même ; derrière des mots apparemment descriptifs mais en vérité largement connotés (islamistes, Al-Qaïda, extrême droite, intégristes, nationalistes, homophobes, réactionnaires, etc,) il s’agit de faire passer un message simple ; d’un coté il y a les gentils, et de l’autre, il y a les méchants.
Les méchants contre les gentils

World Trade Center ? Gentils contre méchants. Irak ? Gentils contre méchants. Afghanistan ? Gentils contre méchants. Libye ? Gentils contre méchants. Mali ? Gentils contre méchants. Centre-Afrique ? Gentils contre méchants. Ukraine ? Gentils contre méchants ? Si, parfois, certains émettent des doutes, BHL se rend sur place pour bien nous confirmer qui est qui.

Outre le fait que cette approche manichéenne constitue le niveau zéro de l’analyse géopolitique, c’est surtout criminel. À longueur d’articles et de journaux télévisés, c’est la légitimation de la guerre, lentement mais sûrement, qu’on installe nos esprits. Présenter celui avec lequel on est pas d’accord comme un méchant, un anti-démocrate, un anti-républicain, un anti-droits de l’homme, un anti-progrès, un antisémite, un anti-IVG, bref un anti-bien, c’est dire : « un jour, il faudra le tuer ».

Or il n’y a jamais de gentils ni de méchants. Et les pires sont certainement ceux qui cherchent à se faire passer pour les gentils. Gentils, les cowboys ? Gentils, les Robespierre ? Gentils, les Républicains ? Gentils, les Américains ? Gentils, les Israéliens ? Gentil, le FLN ? Gentils, les bolchéviques ? Gentils, les rebelles de Maïdan ?

Bien sûr, ni les Palestiniens, ni les Indiens d’Amérique, ni les Russes, ne sont « gentils » non plus. Mais ils n’ont jamais osé en appeler au « Bien » pour légitimer la défense de leurs intérêts et de leurs modes de vie. On est toujours le gentil à ses yeux et le méchant aux yeux du camp d’en face, évidemment. Chacun estime toujours qu’il a raison.

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