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lunes, 24 de marzo de 2014

Hubert Védrine : pour l’ex-ministre des Affaires étrangères, une « désescalade » est encore possible en Crimée


Cinq propositions pour sortir 
de la crise ukrainienne




Pour l’ex-ministre des Affaires étrangères, une « désescalade » est encore possible en Crimée. Mais Poutine n’est pas le seul à devoir y mettre du sien : les Occidentaux ont aussi leur part de responsabilité.


L’ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, fait sur Rue89 cinq propositions pour sortir de la crise ukrainienne. Parmi celles-ci, une Ukraine fédérale accordant une autonomie quasi-totale à la Crimée, et une proclamation de neutralité de l’Ukraine entre Occident et Russie.

L’alternative à une désescalade, pour Hubert Védrine, serait une « situation inextricable de blocage dans laquelle on aurait une paralysie plus ou moins longue de toute la relation Europe-Russie, Etats-Unis-Russie ».

Pour l’ancien chef de la diplomatie française, les Occidentaux comme Vladimir Poutine ont leur part de responsabilité dans la crise que traversent actuellement les relations entre la Russie, l’Europe et les Etats-Unis. 

Interview.

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Comment sortir de la crise, selon vous ?

Cela consisterait à dire :
  1. on ne touche pas à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, mais elle devient un Etat très fédéral dans lequel la Crimée jouit d’une autonomie presque complète, et les territoires de l’Est d’une autonomie importante ;
  2. dans cette fédération, des garanties sont données aux minorités – ethniques, culturelles, linguistiques etc. –, qu’il s’agisse des Russophones ou des Tatars de Crimée. Les prochains dirigeants de Kiev en seront garants, et les candidats à la présidentielle [du 25 mai, ndlr] devraient s’y engager ;
  3. les Russes déclarent qu’il n’est pas question de rattacher un nouveau territoire à la Russie, mais qu’en revanche ils veulent avoir des relations faciles avec cette région. Cela suppose que l’Accord d’association européen qui avait été proposé soit conçu, peut-être modifié, afin d’être compatible avec des échanges de l’Ukraine ou d’une partie de l’Ukraine avec un autre ensemble économique et douanier. On prend peu de risques, car ça a peu de chances de pouvoir concurrencer la force d’attraction du système européen ;
  4. à Kiev, on reviendrait à l’accord parrainé par les trois ministres européens des Affaires étrangères (qui prévoyait notamment un gouvernement d’union nationale, ndlr) ;
  5. cette Ukraine fédéralisée, neutralisée, est en quelque sorte « finlandisée » (voir encadré ci-contre) dans le meilleur sens du terme. Les Occidentaux, comme les Russes, s’engagent à ne rien faire dans les cinq ou dix ans (ça se négocie) qui viennent pour obliger l’Ukraine à basculer dans un camp. Ce qu’à mon avis on aurait dû faire depuis longtemps.
C’est la sortie possible à mon avis. 

Je note qu’aux Etats-Unis, Henry Kissinger et Zbigniev Bzrezinski [deux anciens Conseillers à la sécurité américains, nldr] ont employé la même formule de « finlandisation ». J’ajoute à leur réflexion l’idée de garantie pour les minorités.

Comment y arrive-t-on, à partir de la situation actuelle, je n’en sais rien ...

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