QU’EST-CE QUI N’EST PAS DANS LE TEMPS NI L’ESPACE ET QUI EST INFINI ?
par Aimé MICHEL
Si le lecteur se rappelle ma dernière chronique [1] (F.C.-E. du 17 juin), il y était dit que les phénomènes quantiques se comportent comme des ondes tant qu’ils ne sont pas détectés, que quand on les détecte on les perçoit alors (à l’aide des appareils) comme s’ils étaient non des ondes mais des corpuscules, et qu’aussitôt détectés ils cessent d’être ce qu’on a perçu et se transforment en autre chose.
Or, tous les phénomènes élémentaires sont des phénomènes quantiques. Il n’y en a pas d’autres. C’est sur ce mécanisme que fonctionne la nature tout entière, y compris notre corps, notre système nerveux, notre cerveau pensant.
Chaque fois que vous lisez le mot « particule » dans une information, ou que vous l’entendez dans la bouche d’un savant à la TV, il s’agit de cette entité « monstrueuse ». Un fantôme secouant ses chaînes dans un vieux château, c’est étonnant mais infiniment moins qu’un photon, par exemple – le photon, qui fait la claire lumière du jour [2].
Je connais des physiciens tellement révoltés par la nature des calculs qu’ils sont obligés de faire pour expliquer et prévoir ce qui se passe dans leurs expériences, qu’ils en sont venus à dire : « Oui, c’est ainsi qu’on est obligé de faire, mais je préfère n’y pas penser ». J’en sais qui trouveraient moins angoissant de croire aux tables tournantes, si cela pouvait les débarrasser de la physique quantique. On sait qu’Einstein lui-même, qui n’admit jamais que les choses se passent réellement comme elles font, disait, vieillissant et ne trouvant aucune explication raisonnable : « Si j’avais su, je me serais fait plombier ».
Cependant, après un demi-siècle passé à méditer l’inconcevable, les plus audacieux des savants ont fini par s’y faire, et même par y trouver un nouveau motif d’enthousiasme et d’espoir. Un espoir tellement démesuré que, s’il se réalise, c’en est fait de l’homme tel qu’on le connaît ou croit le connaître. En physique comme en tant de domaines, il semble que l’on soit en train de vivre la fin du monde, du monde humain, s’entend.
Il est difficile de comprendre l’ampleur de ce qui se passe. Voici une analogie qui peut-être précisera un peu celle que j’avais proposée dans mon dernier article.
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Notes
[1] Il s’agit de la chronique n° 285, La dernière serrure – Un monde en dehors de l’espace et du temps, mise en ligne le 20.01.2014. Ces chroniques font partie d’une série consacrée aux fondements de la physique et à l’interprétation de la physique quantique (voir les autres liens en note 3) qui se poursuivra la semaine prochaine. Il est possible qu’Aimé Michel ait été le seul journaliste scientifique de l’époque à attirer l’attention de ses lecteurs sur ce sujet alors peu prisé mais qui a acquis depuis ses lettres de noblesse comme on va le voir.
[2] Il est regrettable que le terme de « particule » pour désigner des « objets » quantiques comme les électrons et les photons se soit imposé, notamment à travers l’expression commune de « particules élémentaires ». Il aurait bien mieux valu un mot nouveau, « quanton » par exemple, qui n’aurait pas imposé cette image d’une petite bille, si éloignée de la réalité irreprésentable.
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