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miércoles, 5 de marzo de 2014

Dans la doctrine russe, l'emploi de l'arme nucléaire en premier n'est "ni improbable ni impossible"


La France est-elle "angélique" face à Moscou ?


Un débat à l'Assemblée nationale a fait apparaître l'inquiétude des experts au sujet de la posture stratégique russe. Ils appellent à une vigilance accrue.

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Tertrais considérait dans son intervention du 28 janvier dernier, en évoquant l'avenir de la force de dissuasion française, qu'il "n'existe pas, aujourd'hui, de menace militaire classique contre la France". Mais, ajoutait-il malicieusement, "en revanche, il existe une menace potentielle contre l'Europe, celle d'une crise qui impliquerait la Russie et dans laquelle notre dissuasion n'aurait peut-être pas de rôle direct à jouer, mais dont l'existence pourrait produire un effet indirect sur les évolutions d'une telle crise". Tiens donc... Pour autant, "notre dissuasion n'est plus focalisée sur la Russie, elle n'est plus, par nature, la dissuasion du faible au fort née lorsque nous faisions face à la menace unique, majeure et immédiate représentée par l'Union soviétique. En outre, elle a intégré une dimension européenne."

Une Russie renforcée

Une chose est sûre : à la FRS, on garde un oeil vigilant sur la Russie. Bien que le sujet ne mobilise plus trop les gouvernements français successifs, plus enclins à vendre des navires de guerre et autres armes à Moscou qu'à se méfier de sa posture, un autre chercheur, Arnaud Kalika, est on ne peut plus attentif à ce qui se passe chez Vladimir Poutine.

Il rappelait le 11 février que le budget de la défense russe passera de 48 milliards d'euros en 2003 à 79 milliards en 2016. Il rappelle aussi que, dans la doctrine russe, l'emploi de l'arme nucléaire en premier n'est "ni improbable ni impossible". Et le Kremlin continue de voir très loin : "Alors qu'en Occident les administrations se complaisent dans l'angélisme confortable qui consiste à croire que la menace majeure aurait disparu, l'Occident n'est pas perçu, au Kremlin, comme un allié de confiance. Le président Poutine et les membres de son équipe l'ont souvent rappelé : ils ne sont pas certains de l'avenir de l'Europe et entendent se prémunir contre sa chute."

Le détail de la modernisation des armements, pas sans à-coups ni difficultés, certes, est saisissant, mais s'agissant du nucléaire aucun doute n'est permis aux yeux de cet expert : "À l'heure où, en France, certains courants dénoncent la démesure de notre panoplie nucléaire, la Russie ne se pose pas la question. Pour Moscou, l'idée selon laquelle il existerait un seuil de dissuasion suffisant est sans fondement et le nucléaire est et restera une arme d'emploi. Poutine comme ses successeurs ne renonceront jamais au statut de deuxième puissance nucléaire au monde. Par un réflexe messianique typiquement russe, ils caressent même l'espoir de prendre la première place, devant les États-Unis." La Crimée est-elle un but ou une étape ?

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