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viernes, 21 de noviembre de 2014

L’indissolubilité, la fidélité et la fécondité du mariage chrétien, conservées inchangées en théorie, se trouveraient vidées de leur contenu en pratique.


Synode : la miséricorde est-elle 
un "cheval de Troie" ?

par Henri Hude

La miséricorde, ce n’est ni la tolérance, ni le laxisme. C’est ce qu’a rappelé le rapport final du synode extraordinaire sur la famille. L’analyse dans le texte du philosophe Henri Hude.

IL N’EST PAS RARE de lire aujourd’hui des choses bien étranges, sous la plume de journalistes ou d’intellectuels catholiques connus pour leur attachement à la papauté. Une aile progressiste du synode des évêques, encouragée en sous-main par le Saint-Père, se servirait de la « miséricorde » comme d’un « cheval de Troie » pour engager un processus, au terme duquel l’indissolubilité, la fidélité et la fécondité du mariage chrétien, conservées inchangées en théorie, se trouveraient vidées de leur contenu en pratique.

Il nous est dit, aussi, que le rapport final du synode a été écrit, contrairement aux usages, par des proches d’un pape désirant, quand on enlève les précautions de langage, manipuler un synode rétif et lui faire avaliser sa soif de nouveautés. Au moins les médias ne peuvent-ils pas, dans ces conditions, mettre la Relatio synodi au compte d’évêques conservateurs en réaction contre un pape libéral. Et c’est cetteRelatiosynodi qui doit servir de base au synode de 2015. Lisons donc cette Relatio.

Relatio : les sept occurrences de la miséricorde

Pour que chacun puisse juger sur pièces, je rapporterai, dans ce qui suit, la totalité des 7 (sept) occurrences du terme « miséricorde » dans la Relatio synodi (je traduis à partir de l’italien ; le texte de la Relatio est en italique, mes commentaires en caractère ordinaire).

1/ « Jésus a regardé avec amour et tendresse les femmes et les hommes qu’il a rencontrés, accompagnant leurs pas avec vérité, patience et miséricorde dans son annonce des exigences du royaume de Dieu » (n. 11).

– La miséricorde n’est pas un slogan manipulatoire. Elle a un modèle objectif : le Christ miséricordieux. La miséricorde de ce dernier est inséparable du respect de la vérité, comme de l’annonce des exigences du Royaume de Dieu. C’est le B A BA de l’évangile.

2/ « Le message chrétien a toujours en lui la réalité et la dynamique de la miséricorde et de la vérité, qui dans le Christ convergent » (n. 12).

– Même enseignement, encore plus explicite.

3) « La vraie signification de la miséricorde [...] apparaît clairement dans la rencontre du Christ avec la Samaritaine (Jean, 4,1-30) et avec la femme adultère (Jean, 8,1-11). Jésus, avec un comportement d’amour envers la personne pécheresse, la porte à la pénitence et à la conversion (« Va et ne pèche plus »), ce qui est la condition pour le pardon. » (n. 14.).

– Même enseignement. En plus, il y a des significations de la miséricorde qui ne sont pas vraies, puisqu’il est précisé qu’il y en a bien une qui est « la vraie ». Cette signification authentique se conçoit à partir du modèle du Christ. Elle se réfère avec amour et bonté à la « pénitence » (douleur d’avoir fait le mal), au « pardon » des péchés, à la « conversion » de la vie.

4/ « L’Église est une maîtresse très sûre (de vérité) et une mère attentionnée. [...] Elle est consciente de la fragilité de beaucoup de ses enfants [...]. “C’est pourquoi, sans diminuer la valeur de l’idéal évangélique, il faut accompagner avec miséricorde et patience les étapes de croissance des personnes […]. À tous doivent parvenir la consolation et la stimulation de l’amour sauveur de Dieu, qui opère mystérieusement en toute personne, au-delà de ses défauts et de ses chutes.” » (n. 24).

– La partie entre guillemets est une citation de la première encyclique de François, Evangelii gaudium, 44. L’autorité du magistère est comparable à la sécurité de l’enseignement d’une mère très aimante. C’est une mère que l’Église, son amour maternel se soucie tout particulièrement de ceux de ses enfants qui s’égarent. Elle veut que le chemin de conversion soit une redécouverte de l’amour divin qui console et entraîne vers le haut.

5/ « Conscients que la miséricorde la plus grande consiste à dire la vérité avec amour, nous allons au-delà de la compassion. L’amour miséricordieux, tout comme il attire et unit, transforme et surélève. Il invite à la conversion » (n. 28).

- Le synode se démarque ici nettement de l’éthique de la compassion et de l’émotion. La compassion sensible n’est pas exclue, mais la miséricorde est au-delà de ce sentiment humain. Elle s’authentifie dans l’objectivité de la conversion de la vie.

6/ « Les époux en difficulté doivent pouvoir compter sur l’aide et l’accompagnement de l’Église. La pastorale de la charité et de la miséricorde tendent à la récupération de la personne et de la relation. L’expérience montre qu’avec une aide adéquate et avec l’action réconciliatrice de la grâce, un pourcentage élevé des crises matrimoniales sont surmontées de manière satisfaisante. [...] Le pardon entre les époux leur permet d’expérimenter un amour qui est pour toujours et qui ne passe jamais (cf. 1 Cor 13,8) » (n. 44).

- Le but premier, face aux crises conjugales, est de les guérir, par le pardon, qui est un des principaux actes de la miséricorde. Y a-t-il donc besoin de préciser que le synode se situe là aux antipodes d’une pastorale qui regarderait comme normales, et avec une indifférence libérale, les ruptures du lien conjugal ?

7) « Marie, dans sa tendresse, sa miséricorde, sa sensibilité maternelle etc. » (n. 61).

– Marie est le modèle de la pastorale de l’Église. Une mère qui aime ses enfants d’un amour prodigieusement surnaturel qui vient du tréfonds du don divin. Cette fin de la Relatio, avec sa piété mariale sobre est sans doute sa principale clé de lecture et d’interprétation.

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