La comparaison France/Allemagne
est mortifiante…
La « droite » française est contente de la victoire de Mme Merkel. Si elle était plus lucide, elle serait envahie par la honte et prendrait plutôt conscience de la triple leçon qui lui est infligée.
D’abord, le score amplifié du parti de la chancelière après son second mandat est une exception. Il était entendu que la crise condamnait les majorités sortantes à laisser la place aux oppositions. Les conservateurs d’outre-Rhin ont déjoué le pronostic fataliste. Les ingrédients du succès doivent être rappelés puisqu’ils soulignent par comparaison les faiblesses de la prétendue droite française.
En premier lieu, il y a eu les courageuses réformes du socialiste Schröder qui ont assaini l’économie allemande affaiblie par le boulet de la réunification à mark égal et à marche forcée. Ces réformes structurelles ont permis à l’Allemagne comme à d’autres pays du nord de l’Europe d’affronter la crise avec plus de résistance saine que le sud du continent. La France, sous la « droite », n’a remis en cause les mesures suicidaires de la gauche que de manière marginale et comptable. L’ersatz de droite que nous subissons a protégé ces amortisseurs sociaux qui nous empêchent d’abord de ressentir vraiment les chocs et ensuite de redécoller.
En second lieu, Mme Merkel a démontré une habileté politique dont les« chefs » de l’opposition actuelle sont bien incapables. Elle a d’abord gagné la bataille des chiffres avec un chômage à 5,3 %, un excédent public de 0,2 % et un excédent commercial de 118 milliards. Elle a ensuite redonné à l’Allemagne sa fierté dénuée d’arrogance, fondée sur le sérieux, la qualité des produits, la prudence internationale, sur une image positive et aux antipodes d’un nationalisme que l’Histoire a frappé d’interdit. Et ce pays, ce nain politique, est redevenu calmement la première puissance européenne, celle qui donne le « la » à tout l’orchestre. À la tête d’un État fédéral où son parti est minoritaire, au sein d’une société habituée au dialogue social et au consensus, « Mutti » a incarné ce que les Européens vieillissants réclament le plus : la protection.
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