La norme et l’inversion
par MENOU PIERRE
Un lecteur me faisait récemment le reproche d’utiliser le vocable « inverti » pour qualifier le « mariage » homosexuel, en y voyant une marque de mépris à l’égard des personnes concernées, ce que je récuse.
Le dictionnaire donne, du mot « inverti », la définition : « Homosexuel ». Il indique, au verbe « inverser » :« Renverser la direction, la position relative de… » ; quant à l’« inversion », il s’agit de l’« action d’inverser, fait de s’inverser », ou encore, en linguistique, de la « Construction par laquelle on donne aux mots un ordre autre que l’ordre normal ou habituel. »
Je ne vois là aucun mépris, mais la constatation d’un fait : l’homosexualité procède par rapport à « l’hétérosexualité » d’une inversion du choix, qui se porte sur un semblable, homme ou femme, plutôt que sur le différent.
Sous ma plume, d’ailleurs, le mot « inverti » ne qualifiait pas les personnes, mais le mariage : il s’agit donc d’une inversion du sens de cette institution et des valeurs qui lui sont attachées. Le mariage unit un homme et une femme qui s’aiment, mais il ne célèbre pas seulement la reconnaissance de leur amour, il ouvre aussi sur l’engendrement et la filiation, comme le montre le livret de mariage délivré aux nouveaux conjoints : après les rubriques consacrées à l’époux et à l’épouse, suivent celles prévues pour les enfants.
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