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viernes, 28 de febrero de 2014

Ukraine : plus on laisse agir un dictateur, en herbe ou confirmé, plus son appétit croit. Et il n’est jamais rassasié. Toujours plus ! est son moto.


La revanche avortée de Maître Poutine

par Gilles Hertzog

Reste, à l’évidence, que la Russie n’a pas dit son dernier mot, que ses moyens d’enrayer le cours nouveau à Kiev sont énormes, pour peu que l’Europe ne se substitue pas rapidement aux roubles de la servitude et, bien davantage, n’ancre pas sans tarder l’Ukraine à elle-même, par une adhésion accélérée, serait-elle temporairement symbolique, à l’Union et ses institutions.

La chute de l’URSS fut la plus grande catastrophe géopolitique du XXè siècle, a dit un jour Poutine. Et Gorbatchev était un traître à la solde des Occidentaux. Les pays baltes, ces confettis d’empire, en profitèrent pour recouvrer leur indépendance et, pis, encore, adhérer à l‘Europe.

Le maître du Kremlin n’aura eu cesse, depuis dix ans, de venger cet affront. Et sa meilleure revanche contre cet Occident qui, dans sa tête, mit à terre la puissante Union Soviétique et entraina son démembrement, c’était l’Ukraine. Jusqu’à ce que son obligé, Ianoukovitch, la place Maïdan ne cédant pas sous les balles des snipers, jette l‘éponge et s’enfuit, piètre serviteur pas fichu d’aller jusqu’au bout, qui, patatrac, plombe son maître trop confiant et, l’opération se retournant contre lui, lui fait perdre la face.

La revanche de Poutine sur l’Occident honni n’était pas, hier, la Tchétchénie noyée dans le sang, ni la Géorgie amputée par la force de l’Ossétie, ces deux mises au pas relevant de la reconstitution intérieure de l’empire. Pas la Syrie soutenue à bout de bras contre l’Occident, selon la solidarité bien comprise entre autocrates et dictateurs. Non, c’était l’Ukraine ! L’Ukraine, ce beau et gros morceau, qui, l’impudente, entendait se détacher de la tutelle du grand frère et devenir pleinement européenne. Tentation de l’Occident ? Niet, Pas de ça, Lisette ! Retour par la force, via un Ianoukovic aux ordres, d’un morceau d’Europe dans le giron impérial. Enfin, oui, un morceau d’Europe, et quel morceau ! enlevé à l’Europe avant même qu’elle l’ait reçu en son sein. Réponse du berger russe, vingt ans plus tard, à la bergère Europe.

L’Europe, le vrai adversaire de la Russie, pour Poutine. Poutine, cet homme qui commença sa carrière de kégébiste aux avant-postes du communisme armé en Allemagne de l‘Est, aux bords de cette Europe qui fascine la Russie pour sa liberté autant que la Russie de toujours la rejette d’instinct, mais dont tout l’Est européen, de Leipzig à Lvov, de Gdansk à Varna, était alors à elle, captif de Moscou. L’Europe, dont la Russie avait sa part, et quelle part ! Et puis, plus rien. Dislocation du glacis est-européen. Poutine, avec tous ses semblables, dut reculer jusqu’à Moscou en quelques mois à peine, perdant cette part d’Europe sous sa garde et sa férule. Insoutenable recul, honteuse débandade, humiliation, comparable, toutes proportions gardées, à celle d’un soldat nommé Hitler au sortir de la Première guerre mondiale dans l’Allemagne vaincue.

Idéologie de la revanche. Reprendre par la force à l’Europe une part d’elle-même, cette Ukraine du Maïdan.
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