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miércoles, 19 de febrero de 2014

L’Église gréco-catholique ukrainienne fait état de menaces de la part du Gouvernement ukrainien.


Les gréco-catholiques ukrainiens : 
pomme de discorde ou… sel de la terre ?

par Jean-Marie Vaas

Si l’Église subit attaques et mises en cause, 
c’est aussi pour mieux triompher à l’image de son Divin Maître.

 
L’Église gréco-catholique ukrainienne (on désignera ainsi cette Église de rite byzantin, mais sous obédience romaine ; les catholiques ukrainiens sont principalement de rite byzantin) fait état de menaces de la part du Gouvernement ukrainien. En effet, ce dernier aurait menacé l’Église gréco-catholique de « mettre fin aux activités ». Certes, d’autres Églises sont visées, et les orthodoxes ont aussi largement participé aux manifestations, ce qui prouve que l’opposition entre l’Ouest et l’Est de l’Ukraine ne recoupe pas complètement la différence entre les ukrainiens unis à Rome et ceux qui ne le sont pas. (À cet égard, les orthodoxes sont aussi de fervents nationalistes ukrainiens.) Mais l’Église gréco-catholique sait qu’elle est principalement visée. L’Église se plaint de menaces qui découleraient de sa présence dans les rassemblements contestataires.

Une Église impliquée, comme cela se voit dans d’autres pays slaves

Alors qu’elle accusée de soutenir l’opposition, l’Église invoque sa mission spirituelle. La célébration d’offices en dehors des lieux de culte peut s’inscrire dans le soutien aux âmes. Quoi que l’on pense des rapports entre l’Ukraine et l’Europe – en soi, il ne s’agit pas de se prononcer sur le bien-fondé du rapprochement avec l’Union européenne émis par une partie des ukrainiens -, l’Église ne peut être indifférente dans la mesure où les citoyens sont aussi membres de l’Église. On peut avoir un résumé de la position de l’Église dans la déclaration officielle de Mgr Sviatoslav Shevchuk: « The Church recognizes the right of the faithful to pray and to satisfy their spiritual needs at all times and in all circumstances. Today, at a time when dialogue between the government and the citizen is wanting, those who believe in God feel a special need to pray for peace and tranquillity in our country, and for an end to the violence that has violated the dignity and the constitutional rights of the citizens of Ukraine.”Enfin, dans une société slave, marquée par le christianisme, il est logique que l’Église soit impliquée. Wladimir Poutine n’est-il pas appuyé et relayé par l’Orthodoxie russe, à commencer par son patriarche ? La présence multiforme de l’Orthodoxie dans la société russe n’est plus à démontrer. Plus généralement, Eglise et société sont imbriquées dans des pays comme la Russie, l’Ukraine ou même la Pologne. Bref, on voit que les implications sont complexes, des deux côtés de ces orientations géopolitiques. Par « orientations géopolitiques », on entendra, d’un côté, le rapprochement avec l’Occident, incarné par les ukrainiens de l’Ouest et leur soutien, et d’autre part, la « spécificité russe », incarnée par la Russie et les ukrainiens de l’Est et, plus généralement, par tous ceux qui se situent dans le giron de Moscou.

Une Église en ligne de mire ?

Il est intéressant de noter que l’Église catholique demeure l’institution la plus en vue dans les contestations d’un pouvoir accusé de verrouiller la société ukrainienne. Cette tension ne peut que rappeler la fâcheuse tendance d’un pouvoir, partiellement héritier d’un régime persécuteur, à vouloir n’aborder l’Église que sous l’angle d’un organisme à maîtriser. La chute de l’URSS ne saurait gommer cette vue bien réductrice… La menace du Gouvernement ukrainien survient d’ailleurs 25 ans après la légalisation de l’Église grecque-catholique par les autorités soviétiques. Elle évoque donc de fâcheux précédents…

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