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sábado, 22 de febrero de 2014

La question n’est plus de savoir si la droite doit être libérale, forte, populaire ou sociale, mais comment elle défend les valeurs qui fédèrent tous les Français.



par Yves de Kerdrel



Le tube de l’artiste belge Stromae intitulé Papaoutai s’est progressivement imposé comme l’hymne de La Manif pour tous, de la même manière que le Choeur des esclaves de Verdi, tiré de Nabucco, l’avait fait lors du combat pour l’école libre. Cette chanson raconte la manière dont le jeune chanteur a été marqué par l’absence de son père. C’est dire si les manifestants de tous âges qui défilaient contre la procréation médicale assistée, la gestation pour autrui et toutes les attaques contre la filiation n’ont pas eu de mal à y trouver la quintessence du message qu’ils souhaitaient faire passer auprès des pouvoirs publics. Avec succès, puisque, même si les Verts et la gauche de la gauche tentent de remonter au créneau, François Hollande ne prendra plus le risque de jouer aux apprentis sorciers sur des sujets de cet ordre.

Ce qu’a montré la manifestation du 2 février, c’est qu’il existait dans le pays une gigantesque “droite hors les murs” qui ne se reconnaît ni dans l’UMP, ni dans le Front national, ni dans d’autres partis plus ou moins significatifs. 

Cette droite, profondément républicaine, comme en témoigne le calme avec lequel elle a manifesté, respectueuse des institutions, n’est animée que par une seule préoccupation : la défense de valeurs sociétales qui transcendent les clivages partisans. 

Parmi ces valeurs, 
  • il y a bien sûr la famille ; 
  • il y a aussi la vie, menacée notamment par les projets en matière d’euthanasie ; 
  • il y a la liberté et la responsabilité individuelles ;
  • il y a la défense des plus faibles, qu’ils soient handicapés ou accidentés ; 
  • il y a aussi l’opposition claire et nette à un État qui veut gérer nos existences du berceau jusqu’à la tombe en passant par la consommation de sodas, celle de matières grasses, la vitesse des véhicules, désormais inférieure à celle des vélos dans Paris, 
  • et surtout l’éducation morale de nos chères têtes blondes.

Le problème, c’est que pour ces 80 % de Français de toutes sortes qui ne se retrouvent plus dans les agissements de François Hollande et de son État PS, il n’y a toujours pas d’opposition en phase avec ce nouveau type de préoccupations. 

Bien sûr, il y a nombre de ténors à droite qui s’opposent avec talent à la politique de déconstruction menée par les socialistes. Il y a des quantités de parlementaires qui tentent de réfléchir à ce que pourrait être l’après-Hollande. Mais aucun ne semble avoir compris que ce peuple de France qui défile dans tout le pays attend de ses élus, de ses édiles et de ses chefs de parti autre chose que des mesures ponctuelles. 

La question n’est plus de savoir si la droite doit être mondialiste ou antimondialiste, si elle doit être libérale ou étatiste, forte ou humaniste, populaire ou sociale. 

La question est de savoir comment elle colle enfin aux préoccupations de ces millions de Français qui veulent voir défendus des valeurs éternelles, des repères transcendantaux et une vision de l’homme, de la femme et des enfants qui ne soient pas que des pions sur un échiquier, mais bien « une histoire sacrée » pour reprendre la si belle expression du poète Patrice de La Tour du Pin.

Comme l’avait très bien dit Tony Blair, premier ministre social-démocrate, en économie « tout ce qui compte, c’est ce qui marche ». C’est la raison pour laquelle, bien qu’il se soit opposé à Margaret Thatcher, il n’a jamais remis en cause tout ce qu’elle a mis en place afin de libéraliser la Grande-Bretagne. 

Or même en matière économique, la droite de gouvernement est déjà incapable de s’entendre sur une plateforme, entre ceux qui veulent revenir sur les 35 heures, démanteler l’ISF et repousser la retraite à 65 ans, et ceux qui ne veulent pas ébranler le modèle social si cher à nos compatriotes mais impossible à financer. 

Quant au Front national, ce n’est pas peu dire que sa défense de la retraite à 60 ans, sa volonté d’augmenter immédiatement de 200 euros les bas salaires et sa revalorisation d’une fonction publique pourtant privilégiée laissent beaucoup de Français plus que sceptiques. 

Quand ces mêmes partis ne sont pas crédibles sur le plan économique, qu’ils font l’objet d’une défiance croissante de la part de l’opinion et sont absents des grandes batailles sociétales qui — seules — mobilisent les Français, c’est qu’il y a un problème.

« Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis », faisait dire Corneille à Sertorius. 

La droite n’est plus nulle part, hormis dans la rue pour défendre les valeurs qu’une droite aujourd’hui révolue a été la première à oublier. 

Voilà pourquoi les Français jusqu’ici invisibles qui commencent à sortir de leur tanière après deux ans de socialisme sectaire, brutal et voué à l’échec, pourraient chanter : “Outai, la droite, outai ? ”

kerdrel@valmonde.fr @YdeKerdrel

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