Ukraine : l’éternel retour
par Dominique Jamet
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Passés, si vite passés le moment du recueillement et l’euphorie de la victoire, l’Ukraine se retrouve face à elle-même, à ses problèmes, à ses élites : un grand pays partagé entre deux langues, deux cultures, deux religions, deux histoires, miné par la corruption, menacé de faillite, et qui n’a pas plus d’envie ou de raisons de faire confiance aux vainqueurs d’aujourd’hui qu’aux puissants d’hier. La coalition disparate qui vient de chasser une fois encore le peu recommandable Ianoukovitch est elle-même dominée par des querelles de personnes, de clans et d’intérêts et infiltrée par des milices extrémistes qui cultivent la nostalgie de l’ère Bandera.
On nous dit avec le frémissement d’horreur qui convient que Ianoukovitch est un infâme dictateur qui a fait tirer sur son peuple. Ce dictateur était le président légalement élu de l’Ukraine, et son peuple, ou du moins certains éléments de ce peuple, avait pris ces derniers jours la mauvaise habitude de tirer sur la force publique. Quel gouvernement, fût-il le moins suspect d’autoritarisme, tolérerait sans réagir l’occupation de sa capitale par quelques dizaines de milliers d’opposants, héroïques tant qu’on voudra, mais également armés ?
Fidèles à leur train-train habituel, fait de routine et de manichéisme, nos médias, depuis le premier jour des troubles jusqu’à la déroute de Ianoukovitch et des siens, n’ont vu et ne nous ont fait voir la réalité de l’Ukraine qu’à travers le prisme de la place Maïdan, théâtre de la révolte spontanée des forces du bien contre les agents du mal et microcosme supposé de l’Ukraine profonde, ce qui leur évitait d’aller voir ailleurs si c’était bien comme ici.
Ainsi, tout au long du mois de mai 1968, les journaux et les radios (la télévision restant sous contrôle) nous brodèrent-ils un joli conte de fées auquel ils étaient les premiers à croire, et que le bon public avala tout cru.
On nous dit avec le frémissement d’horreur qui convient que Ianoukovitch est un infâme dictateur qui a fait tirer sur son peuple. Ce dictateur était le président légalement élu de l’Ukraine, et son peuple, ou du moins certains éléments de ce peuple, avait pris ces derniers jours la mauvaise habitude de tirer sur la force publique. Quel gouvernement, fût-il le moins suspect d’autoritarisme, tolérerait sans réagir l’occupation de sa capitale par quelques dizaines de milliers d’opposants, héroïques tant qu’on voudra, mais également armés ?
Fidèles à leur train-train habituel, fait de routine et de manichéisme, nos médias, depuis le premier jour des troubles jusqu’à la déroute de Ianoukovitch et des siens, n’ont vu et ne nous ont fait voir la réalité de l’Ukraine qu’à travers le prisme de la place Maïdan, théâtre de la révolte spontanée des forces du bien contre les agents du mal et microcosme supposé de l’Ukraine profonde, ce qui leur évitait d’aller voir ailleurs si c’était bien comme ici.
Ainsi, tout au long du mois de mai 1968, les journaux et les radios (la télévision restant sous contrôle) nous brodèrent-ils un joli conte de fées auquel ils étaient les premiers à croire, et que le bon public avala tout cru.
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