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lunes, 17 de febrero de 2014

Le message du Premier Ministre aux « Daft Punk » lors de leur triomphe aux Grammy Awards a atteint le sommet du contre-sens grotesque. « La France est fière de vous » a-t-il lancé.




par Christian Vanneste

Moi, l’exception française que je préfère, c’est l’exception culturelle. 

Certes, notre peuple exceptionnel en cultive beaucoup d’autres : le culte de l’Etat, passé d’Etat constructeur à Etat-nounou, une protection sociale sans égale, mais avec de moins en moins d’égalité, un temps de travail limité par celui des loisirs, pas toujours volontaires. 

Du village gaulois d’Astérix à « une URSS qui a réussi » de Jacques Lesourne, la France se veut, avec un peu d’arrogance, terre d’exception. Mais il faut se méfier de l’ambiguïté du mot. Il peut, comme nous le pensons sans fausse modestie, signifier ce qui est au-dessus du lot, mais aussi ce qui échappe à la règle. 

Or dans de nombreux domaines, les exceptions que nous faisions résider dans la première catégorie sont tombées dans la seconde et nous condamnent au déclin, celui d’un pays dont l’Etat obèse devient inefficace, tandis que les citoyens déresponsabilisés travaillent insuffisamment en prenant trop peu de risques. 

Dans la plupart des champs d’action de la politique, l’économie, la fiscalité, la formation et la recherche, la lutte pour l’emploi, la sécurité, la justice, il est nécessaire de regarder ce qui se fait ailleurs et mieux que chez nous. 

Il reste une exception, et c’est la culture ! A-t-on raison de la revendiquer ?

Là encore, la question a deux entrées. 

Si on la pose en s’interrogeant sur la finalité de l’exception, la réponse ne peut qu’être positive et enthousiaste. La culture est d’abord l’affirmation d’une identité. Elle définit la « personnalité » d’une Nation, à travers sa langue, son histoire, ses traditions, ses arts grands et petits. Elle participe à cet échange, la clef de l’Humanité, où l’on ne perd rien de ce qu’on donne en gagnant ce qu’on reçoit. L’affirmation de l’identité culturelle, de la différence, n’est pas une provocation belliqueuse, c’est au contraire un geste d’offrande. Le classicisme est français, le romantisme allemand, Molière et Racine n’appartiennent pas à la même culture que Shakespeare, le rationalisme de Descartes s’oppose à l’empirisme anglo-saxon, l’impressionnisme de Debussy est éloigné de la sentimentalité débordante de Tchaikovski. 

Mais si la culture donne, elle permet aussi de recevoir. Les arts africains ou asiatiques ont laissé leur empreinte sur la peinture française au tournant des XIXe et XXe siècles. Malraux avait bien résumé les buts de l’exception culturelle qui justifiait son Ministère : « rendre accessibles les oeuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France au plus grand nombre possible, assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel, favoriser la création… » 

Tout est dit. Il faut faire rayonner la culture française. Il faut susciter la création. Mais surtout, il faut pratiquer ce que Vitez appellera »l’élitaire pour tous », c’est-à-dire distinguer les oeuvres qui, françaises ou étrangères, offrent à chacun cette transcendance vers l’Humanité. Et pour Malraux, il s’agissait d’un dépassement de la condition mortelle des individus. La Joconde sourit parce que tous ceux qui lui ont dessiné des moustaches sont morts.

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