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domingo, 25 de enero de 2015

Antoine de Saint-Exupéry rappelle ce qui distingue la liberté intérieure d'une morale de façade et de manifeste.


Liberté d'expression, société de surveillance: 
et si on relisait Saint-Exupéry?

Par Vincent Tremolet de Villers


Depuis une semaine, la France est tiraillée entre liberté d'expression et société de surveillance. Antoine de Saint-Exupéry rappelle ce qui distingue la liberté intérieure d'une morale de façade et de manifeste.

Où sont passés les crayons? La France entière a marché le 11 janvier en brandissant comme la pointe fine de sa civilisation le droit d'écrire, de dessiner, de penser librement.

Depuis ce jour de gloire, la société de l'information permanente bourdonne d'indignations, de déclamations, d'excommunications. On traque le «dérapage» avec la même vigueur que nos services de renseignements cherchent les terroristes. On surveille les embryons d'amalgames comme on le ferait d'un virus mortel. On patrouille sur Facebook et Twitter pour vérifier que tout le monde est en règle. On met en prison des ivrognes parce qu'ils ont gueulé des âneries. Gardien intraitable de la liberté, on écarte d'un revers de main tout ce qui pourrait lui nuire, tout ce qui ressemblerait à une opinion nuancée, inquiète, alternative. L'ordre du jour doit être appliqué: citoyens libres, en rang par deux!

Gardien intraitable de la liberté, on écarte d'un revers de main tout ce qui pourrait lui nuire, tout ce qui ressemblerait à une opinion nuancée, inquiète, alternative.

Les intentions sont certainement louables: le gouvernement le prouve chaque jour. Il égrène le chapelet du «vivre ensemble» en assurant qu'il «renforcera» la lutte contre le racisme, l'antisémitisme, «l'islamophobie» et toutes formes de stigmatisations. Il promet des comités, des relais, des ambassadeurs, des aumôniers citoyens pour prêcher ce qui est bien et combattre ce qui ne l'est pas. Dans l'urgence, comment faire autre chose?

Le problème est que toute morale se fonde sur la raison et ce mot oublié que l'on appelle discernement. La dialectique binaire -«être ou ne pas être Charlie»-,le damier manichéiste -«apartheid ou pas apartheid»-, la création de la «journée de la laïcité», l'invocation de nos «valeurs» sans qu'on sache ce qu'elles sont, sans que personne ne les définisse, couvrent nos fractures d'un vernis moraliste qui craquellera à la première intempérie.

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