«En France, on a le droit de tout dire, sauf ce qui fâche»
Rémi Brague analyse les questions philosophiques soulevées par l'attentat de Charlie Hebdo et le sursaut national qui a suivi: la notion de blasphème, la laïcité et la liberté d'expression.
L'attentat contre Charlie Hebdo prétend prendre appui sur des motifs religieux. Y a-t-il une violence inhérente à la religion en général?
Le mot de «religion» est déjà trompeur en soi. Notre idée d'une religion est calquée, même chez le bouffeur de curés le plus recuit, sur celle que nous nous faisons du christianisme. Nous allons donc dire: dans l'islam, il y a du religieux (les prières, le jeûne, le pèlerinage, etc.) et du non-religieux, la charia, dont les règles vestimentaires, alimentaires, etc. Et nous avons le culot de dire aux musulmans: renoncez à la charia et nous acceptons votre religion! Mais ils ne voient pas les choses comme nous; pour eux, la charia sous ses différentes formes, et avec toutes ses règles, fait partie intégrante de la religion. La mystique, elle, est certes permise, mais facultative. Tout le système de l'islam, si l'on peut dire, repose sur la révélation faite à Mahomet. Attaquer le Prophète, c'est mettre en danger tout l'édifice. Allah est de toute façon bien au-dessus de tous les blasphèmes, c'est pourquoi le nier est presque moins grave…
La violence, inhérente à une religion? Il faut distinguer les adhérents à une religion qui ont pu se laisser aller à des violences. Ils ont même pu les justifier au nom de leur religion. Ainsi Charlemagne convertissant de force les Saxons ou, bien sûr, ceux dont on parle toujours, les croisés et les inquisiteurs. Mais aussi les généraux japonais de la Seconde Guerre, bouddhistes zen. Ou Tamerlan, qui s'appuya au début sur les soufis de la confrérie des naqchbandis, dont les massacres, au XIVe siècle, surpassèrent ceux de Gengis Khan. Et rappelons que le plus grand pogrom antichrétien de notre siècle, en 2008, à Kandhamal (Odisha), a été le fait d'hindouistes, qui ne sont pas tendres envers les musulmans non plus.
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- Le mot de «religion» est déjà trompeur en soi.
- Notre idée d'une religion est calquée, même chez le bouffeur de curés le plus recuit, sur celle que nous nous faisons du christianisme.
- Nous allons donc dire: dans l'islam, il y a du religieux (les prières, le jeûne, le pèlerinage, etc.) et du non-religieux, la charia, dont les règles vestimentaires, alimentaires, etc.
- Et nous avons le culot de dire aux musulmans: renoncez à la charia et nous acceptons votre religion!
- Mais ils ne voient pas les choses comme nous; pour eux, la charia sous ses différentes formes, et avec toutes ses règles, fait partie intégrante de la religion.
- La mystique, elle, est certes permise, mais facultative.
- Tout le système de l'islam, si l'on peut dire, repose sur la révélation faite à Mahomet.
- Attaquer le Prophète, c'est mettre en danger tout l'édifice.
- Allah est de toute façon bien au-dessus de tous les blasphèmes, c'est pourquoi le nier est presque moins grave
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