Le bel avenir de la guerre
par Gérard Leclerc
La chute du communisme soviétique a marqué incontestablement une nouvelle étape de l’histoire, non seulement parce que l’effondrement du bloc de l’Est signifiait la fin d’un système bipolaire, celui de l’affrontement avec l’Ouest, mais aussi parce que de nouvelles configurations politiques et idéologiques se formaient et déterminaient d’autres enjeux, d’autres clivages et hélas ! d’autres guerres. De ce point de vue, la querelle qui opposa les tenants de la fin de l’histoire grâce à l’essor de la démocratie et du marché aux tenants d’un choc des civilisations semble avoir débouché en faveur des seconds. L’Europe elle-même conçue comme pur espace de droit et de paix perpétuelle est directement confrontée au séisme qui ébranle les régions voisines, et même la Turquie qui avait paru un moment pouvoir entrer dans son système.
Philippe Delmas, avait malheureusement raison, lui qui annonçait dans un essai le bel avenir de la guerre, à l’heure où on aurait pu espérer le règlement des conflits. C’est le monde entier qui est ébranlé. Exemple : si Poutine intervient désormais sans aucun complexe sur le champ de bataille syrien, c’est que son pays est lui-même profondément atteint par la violence djihadiste qui fait rage sur son territoire et sur le pourtour de son territoire. L’intervention russe sera-t-elle décisive pour détruire l’État islamique ? Ce n’est pas avéré et on a quelques raisons de remarquer que le jeu des grandes puissances renforce la déstabilisation des peuples qui souffrent sous les bombes.
Les États-Unis mesurent les conséquences terribles de la seconde guerre d’Irak qu’ils ont menée à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Le président Obama ne veut pas reproduire les erreurs tragiques de son prédécesseur, mais en même temps il lui est impossible d’assister impassible aux événements, notamment avec le renversement des alliances au Proche-Orient. Si on ajoute à tout cela, la perspective d’une troisième intifada en Terre sainte, on se dit que décidément notre pauvre planète n’a nullement exorcisé ses démons. Quant à l’Europe, la question des migrants devrait la contraindre à envisager son destin autrement, mais la prise de conscience n’est vraiment pas à l’ordre du jour.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 13 octobre 2015.
No hay comentarios:
Publicar un comentario