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viernes, 3 de abril de 2015

Le libéralisme est né du spectacle de la division des hommes au sujet de la vérité


Pour un juste libéralisme


par Charles Beigbeder


Souvent décrié en France, le libéralisme reste largement méconnu, tant ses contours sont difficiles à cerner. On peut l’envisager à trois niveaux : philosophique, politique ou économique.

Le libéralisme philosophique postule l’équivalence de tous les choix humains, sans aucune hiérarchie de valeurs. Largement en vogue aujourd’hui, à droite comme à gauche, il ravale la notion de vérité au rang d’une opinion privée et instaure une mentalité relativiste, où chaque option philosophique est dotée d’une égale dignité dès lors qu’elle est librement voulue et ne porte préjudice à personne.

Le libéralisme philosophique procède d’abord d’un échec métaphysique en ce qu’il a renoncé à la possibilité de fonder une entente entre les hommes autour d’une commune recherche de la vérité sur l’homme et la société. Constatant la difficulté de s’unir sur un même fonds commun anthropologique et considérant cette division comme irrémédiable, il institue un modèle de société où chaque option est dotée d’un poids égal de dignité et d’une faculté égale d’expression, l’unique régulateur étant le nombre. C’est ainsi qu’il substitue le consensus démocratique à la vérité philosophique et la dictature de la majorité à la force intrinsèque des idées. Interrogé dans le cadre des débats sur le mariage pour tous, le sénateur Jean-Pierre Michel avait expliqué : « Ce qui est juste, c’est ce que dit la loi. Voilà, c’est tout. Et la loi ne se réfère pas à un ordre naturel. Elle se réfère à un rapport de force à un moment donné. » C’est Créon contre Antigone. Partant du principe qu’il est impossible de cheminer ensemble vers la vérité, le libéralisme philosophique préfère se cantonner à additionner les points de vue, retenant l’option majoritaire, fruit d’âpres consensus qui, en pratique, tendent toujours vers le plus petit dénominateur commun. C’est tout le problème de la démocratie, quand elle est fondée sur cet échec métaphysique.

Ce même principe niveleur de la philosophie libérale s’étend aux particularismes nationaux. Un vrai libéral ne reconnaît en effet aucune loi au-dessus de l’addition arithmétique des suffrages, ni celle tirée de la nature, ni celle léguée par l’histoire. C’est ainsi qu’il n’accordera aucune espèce d’importance à la tradition d’un peuple et à son identité. Pire, il en ignore même la notion, puisqu’il ne conçoit plus la nation comme un héritage à transmettre, mais comme la simple photographie passagère de la réalité d’un moment. La France n’aurait donc plus d’identité constitutive héritée de son histoire ; elle ne serait que l’addition des volontés de chaque individu à un moment donné. En perpétuel mouvement, la France serait réduite à n’être que ce perpétuel mouvement, cette fluctuation des volontés pouvant tout décider un jour pour voter son contraire le lendemain. Pouvoir illimité de l’homme qui refuse de se reconnaître héritier d’une histoire pour étendre à l’infini le champ des possibles, dans une hubris qui porte la marque d’une démesure prométhéenne. « Du passé, faisons table rase », chantaient déjà les partisans de l’Internationale communiste. Il faut « faire France en reconnaissant la richesse des identités multiples », clament aujourd’hui les promoteurs du multiculturalisme, dans un rapport remis au Premier ministre en décembre 2013. Ce double refus de la nature et de l’histoire porte en lui tous les germes possibles de déconstruction, de l’instauration de la GPA à la folie du transhumanisme.

Doit-on pour autant mettre le libéralisme aux oubliettes ? Oui, sur le plan philosophique, non sur le plan politique. En effet, le libéralisme est né du spectacle de la division des hommes au sujet de la vérité


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