par Dominique Daguet
Je reçois ce jour copie d’un nouvel article, quoique très ancien déjà, traitant de la « fausseté » du Linceul de Turin : ce qui chagrine l’esprit, c’est de se rendre compte que le rédacteur chargé de suivre cette question pour « Science et Avenir » n’a rien appris depuis 1988 : il est resté figé sur la datation d’alors par le carbone 14, n’a rien suivi des recherches entreprises sur cette discipline et pas plus tenu compte des découvertes parfois surprenantes à ce sujet ; n’a même pas entendu l’aveu du docteur Willard F. Libby, inventeur de la méthode de datation par le 14C, reconnaissant vers la fin des années 1990 que ce « procédé est inadapté au cas du Linceul » ; n’a même pas prêté la plus infime attention à ce qu’a dit le professeur Harry Gove [1] en l’an 2000, dans une vidéo qui a beaucoup tourné à travers les Etats-Unis et le reste du monde, affirmant humblement qu’il était devenu impossible de dater le Linceul tant que l’on ne saurait pas nettoyer la pollution bactérienne découverte par Léonço Garcia Valdès : « Les personnes qui ont réalisé les tests de datation n’étaient pas informées de la contamination bactérienne. En fait, je pense que personne ne l’était jusqu’à ce que Garcia Valdès ait découvert cela. D’ailleurs, même s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas su comment la nettoyer ».
L’argumentation de cet article laisse songeur : elle est d’une pauvreté sanglante. Ainsi, est-il affirmé que « Le tissu a été montré pour la première fois vers 1357 dans la collégiale de Lirey, dans l’Aube ». [2] Mais il se trouve qu’en 1150 un miniaturiste hongrois a commis des dessins en lesquels se découvrent quinze points de correspondance avec le Linceul qui est à Turin, ce que je signale évidemment dans mon livre. Il était alors à la Cour de l’Empereur de Constantinople… Une correspondance de plus que nécessaire pour être absolument certain qu’il s’agit du même document… Il est suggéré à l’Église de recommencer la pantomime du British Museum de 1988 : pour quoi faire ? alors que la datation n’aurait même pas dû être poussée à son point ultime tant les deux pics aberrants qui faisaient bonne garde aux extrémités du graphique supposaient le report de l’exercice, ne serait-ce que parce qu’ils ne pouvaient que fortement troubler l’exactitude attendue.
Ce qui me paraît particulièrement consternant chez l’auteur, outre sa documentation famélique, c’est qu’il ne tient aucun compte de ce que nous savons. Par exemple, impossible de passer outre les empreintes des deux pièces de monnaie, l’une de l’an 29 et l’autre de l’an 30, pièces qui furent frappées sur l’ordre de Ponce Pilate et, en 33, déposées sur les yeux du mort, comme cela étaient coutumier chez les peuples de la Méditerranée orientale, coutume qui perdura jusque vers 125… Est-ce que le 14C aurait su mieux faire ? Qu’a-t-on besoin, à moins de nourrir des pensées quelque peu archaïques ou, pire, désagréables, de réclamer assez sottement ce travail inutile puisqu’il le ferait bien plus mal que les pièces en question ?
.......
No hay comentarios:
Publicar un comentario