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martes, 14 de abril de 2015

Alain Finkielkraut élu à l’Académie française :


Alain Finkielkraut élu à l'Académie française



https://www.youtube.com/watch?v=OfvEDKazZ5w

Il a divisé l'Académie. Avec son livre L'Identité malheureuseet les débats passionnés qu'il a suscités, Alain Finkielkraut est une personnalité «clivante», selon certains de ses détracteurs. Après un mois de discordes, le verdict est enfin tombé. Le philosophe controversé vient d'être élu au fauteuil de Félicien Marceau avec 16 voix sur 28 dès le premier tour. Trois voix à Gérard de Cortanze, une voix à Athanase Vantchev de Thracy et huit bulletins blancs.

Cet écrivain et philosophe de 64 ans, né à Paris, normalien et professeur de philosophie - à l'École polytechnique, jusqu'à l'année dernière - s'est fait connaître du grand public avec Le nouveau désordre amoureux coécrit avec Pascal Bruckner. Il a révélé, récemment, une facette plus intime de sa sensibilité avec Un cœur intelligent, où il témoignait de son amour de la littérature et d'une solide connaissance de celle-ci. L'Académie française lui avait d'ailleurs décerné, en 2010, le prix de l'essai pour ce titre.

L'année suivante, il sondait le sentiment amoureux dans Si l'amour durait, se fondant sur l'étude de quatre œuvres de Milan Kundera, Ingmar Bergman, Philip Roth et Madame de Lafayette. Alain Finkielkraut est également habitué des plateaux et animateur de la célèbre émission «Répliques», sur France Culture.


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Un péguyste sous la Coupole

par Matthieu Giroux


Alain Finkielkraut a été élu à l’Académie française au premier tour par 16 voix sur 28. Il succède à l’écrivain belge Félicien Marceau et siégera au fauteuil numéro 21. L’élection du philosophe semble diviser la prestigieuse institution. Certains commentateurs voient dans cet événement l’entrée du Front National au quai Conti, d’autres le retour Charles Maurras. Face à ces inepties, rappelons que Finkielkraut est avant tout un péguyste.

Alain Finkielkraut entre sous la Coupole. Hâte de le voir arborer le glorieux habit vert, l’épée au fourreau. Alain Finkielkraut est immortel. Qui l’eût cru ? Lui qui donnait l’impression d’un trépas imminent à chaque apparition médiatique : cheveux indisciplinés, lunettes embuées, mains tremblantes intenables et autres « Taisez-vous ! ». L’ancien professeur de X n’avait jamais semblé si fragile que ces derniers mois. On l’aurait bien vu succomber de désespoir face à l’indigence d’un Abdel Raouf Dafri ou d’un Plantu. Mais Finkielkraut a de la ressource. Le voici désormais immortel. Il semble en être le premier surpris, du moins le premier ému.

Il se dit partagé. Heureux car son élection consacre son travail et valide son idée de la France : le fils d’un maroquinier juif polonais peut devenir académicien. Angoissé aussi car il doit à présent se montrer digne de l’honneur qu’on lui fait : lire tout Félicien Marceau (de son vrai nom Louis Carette) et lui rendre hommage dans son discours de réception. Finkielkraut le dit. Il est stressé comme à la veille d’un examen – éternel élève que cet Alain.

Son élection divise l’Académie. L’année dernière, l’auteur de L’identité malheureuse avait, à ses dépens, suscité la polémique en formulant une critique légitime du progressisme – « le changement n’est plus ce que nous faisons mais ce qui nous arrive », écrivait-il – et en tentant de réhabiliter le concept d’identité française. Pour Finkielkraut, le fait d’être français ne renvoie pas à la terre et aux morts comme le pense Maurice Barrès (point qu’il faudrait un jour expliquer à Abdel Raouf Dafri) mais à une langue et à une histoire. L’identité de Finkielkraut ne correspond pas à cette machine à exclure qu’est le racialisme. L’identité de Finkielkraut est inclusive. C’est une promesse et un bien qu’il est nécessaire d’entretenir. Finkielkraut invite : « Soyez français ! » car l’esprit français ne peut se réduire à la nationalité. L’identité française se conquiert, elle exige un effort. En bon péguyste, Finkielkraut distingue bien la race du raciste qui renvoie à une hérédité biologique et la race du mystique qui est « la liaison intime d’un peuple et d’une idée ».

Le Front National à l’Académie ?

Comme Péguy, Finkielkraut est un antimoderne (et non un réactionnaire). À ses yeux, le progrès n’est pas synonyme d’avancée. Le philosophe est nostalgique de la France de sa jeunesse, celle de l’assimilation, de la transmission et de la promesse républicaine. Il s’inquiète de voir cet héritage compromis. Pour Finkielkraut, le passé est ce sur quoi se fonde le présent en vue de l’avenir. Une nation ne peut se structurer sans histoire, comme un citoyen ne peut se structurer sans mémoire. Le passé ne s’oppose pas au progrès, il est la condition de possibilité du progrès véritable. Désolidariser l’individu de l’héritage du pays dont il foule le sol, c’est mettre en danger l’idée même de citoyenneté.

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Le mécontemporain : Finkielkraut réhabilite Péguy


par Matthieu Giroux


En 1992, date de parution du Mécontemporain, Alain Finkielkraut soulignait déjà le caractère actuel de la pensée de Charles Péguy. Deux décennies plus tard, la donne n’a pas changé. L’œil de Péguy s’avère plus que jamais utile et pertinent pour appréhender notre monde. Sa critique de la modernité, son intransigeance et son patriotisme constituent un arsenal dont il serait dommage de se passer.

Si le génie de Péguy se suffit à lui-même, il faut rendre hommage à Finkielkraut qui effectue depuis plus de vingt ans un courageux travail de dédiabolisation de Péguy. Car Péguy a été trainé dans la boue. Lui, le dreyfusiste. Lui, le socialiste. Lui, le patriote. Lui, le mystique. Lui, l’intempérant lieutenant de Villeroy. Péguy, l’irréprochable, est celui qui a été le plus diffamé. Péguy, l’incritiquable, est celui qui a été le plus désavoué. Péguy, le pur, est celui qui a été le plus humilié. Après sa mort évidemment. Car aucun de ses détracteurs post-mortem n’auraient eu le courage de l’attaquer de son vivant. De peur peut-être de voir son nom immortalisé dans Les Cahiers de la Quinzaine.

C’est Julien Benda qui, dans La trahison des clercs, attaqua la premier le cadavre de Péguy en 1927 : « Tous les moralistes écoutés en Europe, les Bourget, les Barrès, les Maurras, les Péguy, les D’Annunzio, les Kipling, l’immense majorité des penseurs allemands ont glorifié l’aspiration des hommes à se sentir dans leur nation, dans leur race en tant qu’elles les distinguent et qu’elles les opposent. » Accoler le nom de Péguy à celui de Barrès et de Maurras en faisant du paysan de la Beauce un chantre du nationalisme exclusif et un théoricien racialiste ne tient même plus de l’erreur innocente mais bien de la mauvaise foi. Car Péguy a clarifié la situation il y a longtemps, dans Notre Jeunesse. Il y affirme son refus de ralliement au nationalisme intégral, rappelle l’authenticité de son dreyfusisme et livre une apologie de Bernard Lazare, son maître. Il y a aussi cette menace à peine voilée adressée à Maurras : « […] dans un article de Maurras je trouve, comme il arrive, non point comme un argument, présentée comme un argument, mais comme oubliée au contraire cette simple phrase : nous serions prêts à mourir pour le roi, pour le rétablissement de notre roi, oh alors on me dit quelque chose, alors on commence à causer. » Et de citer plus loin son ami Michel Arnauld (Marcel Drouin) : « Tout cela c’est très bien parce qu’ils ne sont qu’une menace imprécise et théorique. Mais le jour où ils deviendraient une menace réelle ils verraient ce que nous sommes encore capables de faire pour la République […] » Péguy avait dès 1910 rejeté toute récupération par les nationalistes. La confusion qui avait fait suite à la publication du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc n’a été que de courte durée.

C’est Bernard-Henri Lévy qui réactivera la thèse de Benda en 1981 avec L’idéologie française, un livre grandement inspiré des travaux de l’historien israélien Zeev Sternhell. Finkielkraut écrit : « Certes B.-H. Lévy suscitait encore débats et controverses quand il accusait Péguy dans L’idéologie française de parler la langue « ignoble » de la race et de l’instinct, d’éprouver une aversion « bestiale » à l’égard de l’Intellectuel, de démoniser l’Argent et d’être avec Barrès le fondateur du national-socialisme à la française ». Voilà comment Péguy passe, via le prisme bhlien, du statut de socialiste patriote et dreyfusiste à celui de nazi français. Cette analyse toute bhlienne, tout manichéenne (ce qui revient au même) est symptomatique d’un des travers de la gauche post 68. Parce que Péguy synthétise l’exigence socialiste de l’égalité entre les hommes et l’exigence patriotique qui était au départ celle de Jaurès lui-même « à celui qui n’a plus rien, sa patrie est son seul bien », parce que Péguy refuse de séparer, contrairement à Gustave Hervé, le combat social du combat pour la patrie, BHL conclut au national-socialisme de Péguy. Avec ce raisonnement pourquoi ne pas affirmer que le premier Jaurès était lui aussi national-socialiste ?

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