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sábado, 19 de julio de 2014

Les gens supposent que leur vision des choses est libératrice, humanisante, alors qu’en fait c’est une image matérialiste brutale et même plus : une « structure d’un univers clos ».


Comment (ne pas) être laïc

par Robert Royal



La laïcité, c’est un peu comme le temps qu’il fait : tout le monde se plaint, mais personne n’y fait jamais rien. Alors même que celle-ci nous accompagne comme jamais dans l’histoire des hommes.

Pourtant, la réalité est plus compliquée qu’on ne le croirait en regardant autour de soi. Dans les sociétés développées, il y a de plus en plus de « sans » - des gens qui sont sans affiliation religieuse. Ce qui n’est pas du tout la même chose que d’être dépourvu de sens religieux (ou « spirituel »). Les media les entassent dans un bloc antireligieux, en espérant que, de concert avec le gouvernement et les tribunaux, ils pourraient s’entraider à évacuer la foi de la vie publique.

Cependant, au même moment, une « dé laïcisation » mondiale est en cours, car, tout au long de l’histoire, les masses ont montré qu’elles n’aimaient pas vivre dans une incroyance rigide. La dé- laïcisation comprend les pratiques New Age, « le fondamentalisme », (dans toutes les grandes religions du monde) et tout ce qui est entre les deux.

Le christianisme demeure la foi la plus répandue et celle qui croit le plus sur terre, et pourtant on ne s’en douterait pas si on s’en tenait aux informations des principaux media. (La croissance se fait principalement en dehors du monde développé.) Tout de même, la « laïcité » demeure essentiellement parmi nous et nous devons comprendre quelle est sa nature précise.

Le philosophe catholique canadien Charles Taylor a publié en 2007 « Un âge séculier » qui demeure l’étude la plus approfondie. Avec ses 874 pages, ce « butoir de porte » était difficile à attraper – et difficile à recommander à quiconque. Mais James K.A. Smith vient de sortir un résumé à usage beaucoup plus convivial : « Comment (ne pas) être laïc » et cela vaut la peine de s’y attarder un peu avant de passer pour de bon à Taylor.


L’ambiguïté de ce titre – être ou ne pas être laïc - reflète un des aspects de Taylor : il apprécie et critique à la fois l’ordre séculier moderne. J’ai assisté à Paris à une conférence de Taylor sur « Un âge séculier » peu après sa parution. J’ai été impressionné par le fait qu’il approuvait nombre de choses dans notre situation actuelle.


Une distinction clé est celle entre le moi poreux et le moi tampon. Plus tôt, Taylor avait écrit un autre gros volume : « Les sources du moi » un grand tour de philosophie à partir des grecs, mais de façon plus créative, décrivant ce que les philosophies successives ont fait de l’idée du « moi », elle-même construction moderne.

Le moi poreux est le moi de l’homme dans la plupart des époques et des lieux. Ce moi est ouvert à la nature et à l’esprit jusqu’à son cœur même. Il reconnaît qu’il peut être touché à tout moment – et même submergé – par des réalités plus grandes que lui, et qui donnent du sens à la vie.


Par contraste, (et de manière quelque peu simpliste) le moi tampon est une combinaison moderne, la personne est isolée aussi bien de Dieu que de la nature, et ainsi, obligée de créer son propre sens via la science, la technologie, et les projets humanistes. Même ceux d’entre nous qui rejettent cette vision des choses comme une grave erreur, en sont maintenant influencés inévitablement. Mais ces distinctions ne sont pas aussi nettes, ni aussi établies qu’elles pourraient le paraître, argumente Taylor. Le moi tampon éprouve des pressions contraires en provenance de visions plus anciennes. C’est donc conflictuel, et sa laïcité est différente elle aussi, de ce qu’on a pu supposer.

Dans ce que dit Taylor, il y a trois manières d’être laïcs : Une laïcité classique, laïcité 1, qui existait à une époque comme le moyen âge, et équivalait, grossièrement, au « temporel » (et ainsi, pas nécessairement opposée à la religion).

La laïcité 2 – qui est le sens que nous lui donnons habituellement – est née de la philosophie des lumières et était consciemment en rivalité avec la religion.

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