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lunes, 14 de julio de 2014

Un pays qui va de défaites humiliantes en demi-victoires sans éclat



De l’été 1914 à l’été 2014 : 
d’une défaite l’autre


Au cours des deux guerres, il ne m’a pas été donné de mourir pour la France. Du moins, puis-je, en toute sincérité, me rendre ce témoignage : je meurs, comme j’ai vécu, en bon Français. Marc Bloch - Ëtrange defaite (*)



L’été arrive et les commémorations se bousculent – 1914, 1929, 1939, 1944, 1954, 1974, 1989 – comme si les années se finissant en 4 ou en 9 devaient être propices aux guerres et à la déraison. Entre l’EIIL et Boko Haram, 2014 ne devrait pas échapper à la règle. On voudrait qu’au-delà des discours et des petits fours, un effort d’introspection soit fait, surtout en France, sur ces 100 ans écoulés.

Les Français n’ont jamais tiré les conséquences du constat fait par Marc Bloch dans L’Etrange défaite sur l’incapacité de la France à se remettre en question. Il est des victoires suicidaires et des défaites salutaires. Certaines défaites anéantissent un pays, celle de 1940 pour la France, dont elle ne s’est jamais remise. D’autres agissent comme un électrochoc salvateur, ainsi pour l’Allemagne en 1945.

Des trois conflits de la France contre la Germanie, le premier fut une raclée (1870) le deuxième un suicide d’exaltés en bandes molletières et pantalons garance (1914) dont des alliés avisés ont permis d’atténuer les effets (1918), le troisième une humiliation sans nom (1940) suivi d’une victoire amère fondée sur des mensonges (1944) avant une renaissance éphémère en trompe-l’œil grâce à de Gaulle.

En 1914, les soldats doivent pratiquer l’offensive à outrance. La guerre sera rapide et bientôt ils seront à Berlin. Les hommes politiques l’affirment et les journalistes le confirment. Avancés en rase campagne, sans connaitre les positions ennemies, baïonnette au fusil, ils sont fauchés par la mitraille allemande. Le 22 août, journée la plus sanglante de notre histoire militaire, 25.000 combattants sont tués. A-t-on jamais vu les responsables de ces carnages jugés ou passés au tribunal de l’histoire ?

La victoire de 1918 fut obtenue, comme celle de 1944, par procuration. Il aura fallu l’aide massive des Anglo-saxons et des Russes, une victoire où l’on ne foule pas le sol ennemi. Il fallait que la victoire fût peu satisfaisante pour en arriver aux clauses iniques des Traités de Versailles et de Trianon. Dans la tradition militaire européenne, on n’ajoutait pas l’humiliation à la défaite. La France révolutionnaire qui mit l’Europe à feu et à sang pendant 25 ans dût à ses vainqueurs magnanimes de n’être pas dépecée en 1815.

De Gaulle laissa croire aux Français qu’ils furent tous résistants, minorant la faute d’un pays qui se donna sans barguigner aux occupants. En 1944 on épura ceux qui furent assez bêtes, ou courageux, pour n’avoir pas retourné leur veste à temps. La carrière d’un Mitterrand en dit long sur les mensonges que la France aimait entendre. L’ensemble des responsables du désastre de 1940, le point zéro de notre fatigue civilisationnelle présente, ne furent jamais jugés.


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