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jueves, 9 de mayo de 2013

Livres - Les mathématiques,les modèles, les équations et les statistiques ne sont que la partie émergéede l'iceberg de l'économie. Tout le reste est bien plus important,

L'économie du bien et du mal



« Les hommes pratiques, qui se croient exempts de toute influence intellectuelle,sont ordinairement les esclaves de quelque économiste défunt », disait JohnMaynard Keynes.« (...) Tôt ou tard, ce sont les idées, non les intérêts matériels,qui sont dangereuses pour le bien ou le mal. »




On considère que l'économie moderne est née en 1776 avec la parution de The Wealth of Nations (La Richesse des nations) d'Adam Smith. DR

Toute l'économie est, en fin de compte, une économie du bien et du mal. Elle est faite d'histoires racontées par des gens à d'autres gens. Le plus savant modèle économique lui-même est de facto une histoire, une parabole, une tentative visant à saisir (rationnellement) le monde qui nous entoure.
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Aujourd'hui comme de tout temps, les peuples voudraient surtout que les économistes leur disent ce qui est bien et ce qui est mal.Nous autres économistes, nous sommes formés à éviter les opinions et jugements de valeur à propos du bien et du mal. Pourtant, contrairementà ce que disent nos manuels, l'économie est principalement un champ normatif.

Non seulement elle décrit le monde, mais elle dit souvent comment il devrait être fait (efficacité, concurrence parfaite, forte croissance du PIB,faible inflation, forte compétitivité, État modeste).  À cette fin, nous créons des modèles, modernes paraboles, mais trop irréalistes (souvent intentionnellement) pour avoir grand-chose à voir avec le monde réel.

Exemple quotidien: qu'un expert réponde à la télévision à une question apparemment innocente sur le niveau d'inflation, et on lui demandera aussitôt (souvent, il soulèvera la question lui-même sans qu'on la lui pose) si ce niveau est bon ou mauvais, et s'il devrait être supérieur ou inférieur. Même face à une question aussi technique, les experts parlent immédiatement du bien et du mal etémettent des jugements normatifs : elle devrait être inférieure, ou plus élevée.

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Dans ce livre, je poserai donc les questions suivantes :Y a-t-il une économie du bien et du mal ? Est-il payant d'être bon, ou la bonté échappe-t-elle au calcul économique ? L'égoïsme est-il inné chez l'homme ? Est-il justifiable s'ilaboutit au bien commun ?De telles questions valent d'être posées si l'on ne veut pas que l'économie devienne un simple modèle économétrique d'allocation mécanique, dépourvu de signification (ou d'application) plus profonde.  


Au passage, inutile de craindre des mots tels « bien » ou « mal ». On peut les utiliser sans moraliser. Chacun de nous agit selon quelque éthique intérieure. De la même manière, nous avons tous une foi quelconque (l'athéisme étant une foi comme une autre). Il en va de même avec l'économie. 
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