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sábado, 18 de mayo de 2013

Entretien avec le Polonais Antoni Macierewicz, député du parti conservateur Droit et Justice (PiS) de Jarosław Kaczyński, ministre de l’Intérieur en 1991-1992, vice-ministre de la Défense en 2006-2007.

Pologne : 
la tragédie de Smolensk et le scénario hongrois

Entretien avec le Polonais Antoni Macierewicz, député du parti 
conservateur Droit et Justice (PiS) de Jarosław Kaczyński, ministre 
de l’Intérieur en 1991-1992, vice-ministre de la Défense en 2006-2007. 

C’est lui qui a supervisé en 2006-2007 la liquidation du service de renseignement militaire polonais dont les officiers, formés à l’époque communiste, étaient accusés de liens trop étroits avec le renseignement russe et aussi d’activités mafieuses. C’est aussi lui qui a supervisé la création du nouveau service de renseignement et de contre-espionnage militaires dont il a été le premier chef. Antoni Macierewicz dirige la commission parlementaire mise en place par l’opposition pour enquêter sur la tragédie de Smolensk du 10 avril 2010. Je l’ai rencontré pourNouvelles de France dans son bureau de député le 13 mars dernier. Voici la version intégrale de l’interview dont certains fragments ont été publiés dans le mensuel Nouvelles de France d’avril 2013.

Monsieur le Ministre, 3 ans se sont écoulés depuis la tragédie qui a englouti la vie de Lech Kaczyński, le président de la République de Pologne, et de son épouse, mais aussi des chefs des trois corps d’armée polonais et de plusieurs personnes importantes pour le fonctionnement et la sécurité du pays. La Russie et la Pologne ont chacune publié leur rapport d’enquête officiel en 2011 avec des conclusions à peu près similaires, qui mettent en avant les erreurs commises par l’équipage polonais, si ce n’est que les autorités polonaises soulignent aussi dans leur rapport la part de responsabilité des contrôleurs aériens russes chargés de faire atterrir le Tupolev polonais à Smolensk. Peut-on donc considérer que le déroulement des événements a été définitivement élucidé et que l’affaire est close ?

Je voudrais d’abord préciser que cette tragédie a entraîné la mort de tous les chefs des armées polonaises : à la fois le chef d’état major des armées et le chef des armées lui-même en la personne du président de la république, et aussi les chefs de tous les corps d’armée. De l’armée de terre, de la marine, de l’aviation, des forces spéciales. C’est toute la direction de nos armées et les plus hauts responsables de la sécurité de notre pays qui sont morts dans cette tragédie. Or il s’agissait de cette élite qui avait été formé après la chute du communisme dans les nouvelles conditions de notre coopération avec les États-Unis et l’OTAN, c’est-à-dire l’élite qui représentait la Pologne indépendante et non pas la Pologne communiste. C’est important de le dire car il ne suffit pas, comme c’est souvent le cas, pour un ancien officier du bloc socialiste de mettre un uniforme de l’OTAN pour se transformer véritablement en officier de l’OTAN. Les personnes qui ont trouvé la mort à Smolensk, ce sont les personnes qui ont fait entrer la Pologne dans l’OTAN, des personnes qui, comme le général Błasik, ont supervisé le remplacement de nos MIG par des F16. Malheureusement, ces personnes ont pour beaucoup été remplacées par d’autres qui avaient acquis leurs galons d’officiers au sein du Pacte de Varsovie.

La tragédie de Smolensk a été le moment où le gouvernement Tusk et le nouveau président Komorowski ont réorienté la politique étrangère de la Pologne et ont renforcé les liens avec la Russie au détriment de la relation avec l’OTAN et les États-Unis. Il ne s’agit malheureusement pas d’une coïncidence.

Pour revenir aux rapports d’enquête, le rapport gouvernemental polonais n’est qu’une transcription du rapport du gouvernement russe. Il faut bien savoir que, dès le début, l’enquête a été intégralement confiée aux Russes. Les experts polonais, les représentants du parquet polonais et les représentants de la commission d’enquête polonaise n’ont pas fait leurs propres investigations sur les lieux de la catastrophe. Ils n’ont pas examiné eux-mêmes les corps des victimes ni l’épave de l’avion. Ils n’ont même pas examiné le bouleau qui aurait provoqué la catastrophe d’après la thèse officielle. Une thèse du MAK russe selon laquelle un général polonais en état d’ébriété aurait forcé les pilotes à atterrir dans des conditions inadaptées. L’avion aurait alors accroché le fameux bouleau qui aurait arraché un morceau d’aile. L’appareil se serait alors retourné et écrasé sur le dos, causant la mort de tous les passagers. Tout dans cette histoire est faux. Le général Błasik n’était pas en état d’ébriété et il n’était même pas présent dans le cockpit, ce que le parquet polonais a dû officiellement reconnaître au bout de 3 ans. Le pilote, le capitaine Protasiuk, avait à son compte plus de 3000 heures de vol sur cet avion. J’insiste bien : pas 3000 heures de vol en tout mais sur ce Tupolev 154 du gouvernement polonais. Il connaissait cet avion comme sa poche. Il avait déjà atterri de nombreuses fois sur l’aéroport militaire de Smolensk, la dernière fois 3 jours avant la catastrophe. Il connaissait très bien les conditions du terrain. Dix minutes avant la tragédie, on l’entend d’ailleurs parler de la dépression du sol à éviter avant l’aéroport. Il a aussi, et c’est important de le souligner, renoncé à atterrir lorsque l’avion a atteint l’altitude de décision fixée par le contrôle aérien de Smolensk puisqu’on entend sur les enregistrements l’ordre « On abandonne ». Il faut aussi rappeler que les enregistrements dont les copies ont été fournies à la Pologne ne laissent aucun doute sur le fait que les officiers au sol qui ont induit l’équipage polonais en erreur en donnant à plusieurs reprises des indications de position et de trajectoire erronées.

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