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jueves, 12 de febrero de 2015

Houellebecq, en dépit de sa sècheresse, ne laisse pas derrière lui un seau qui se balance lamentablement.


Un roman qui fait penser


par Gérard Leclerc



Soumission, le dernier roman de Michel Houellebecq, est sorti en librairie le 7 janvier dernier, jour sanglant sur Paris, jour de tuerie à Charlie Hebdo, de prise d’otages meurtrière porte de Vincennes... Y a-t-il une relation directe entre ce livre et ces événements  ? On est d’autant plus en droit de se poser la question que le romancier fait tourner l’intrigue de son récit autour de la victoire électorale d’un candidat musulman à la présidence de la République. Mais il y a un abîme entre l’islam complètement apaisé qui se révèle dans Soumission et l’islamisme terroriste de notre semaine terrible. Est-ce à dire que Michel Houellebecq aurait changé d’avis à propos de la religion musulmane, dont il ne ferait plus un danger  ? En dépit de ses affirmations, il faut faire attention au message plus ou moins crypté qu’il nous envoie.

On parle beaucoup de Voltaire en ce moment et il y a quelque chose de voltairien chez notre romancier, encore que l’identification totale constitue un piège. Il y a chez Houelle­becq une sorte d’ironie triste que n’aurait pas démentie l’auteur deCandide. Houellebecq est moins souriant que Voltaire, encore qu’on se souvienne des vers terribles d’Alfred de Musset à propos de ce sourire [Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire/ Voltige-t-il encor sur tes os décharnés  ?]. L’ironie houellebecquienne est largement associée à un comique de situation. L’écrivain a le génie du décalage où il associe la réalité prosaïque avec une hypothèse surprenante. Si surprenante que cela  ? C’est tout le fond de Soumission, celui qui a provoqué la polémique vite interrompue par les événements, mais qui ne pourra que reprendre. D’ailleurs l’intéressé s’est chargé lui-même de relancer le débat à Cologne lors d’un bref voyage destiné à propulser la vente du livre outre-Rhin, qui marche fort bien.

Mais il faut résumer en quelques traits l’intrigue romanesque. Celle-ci tourne autour d’une élection présidentielle marquée par la victoire du candidat d’une formation explicitement musulmane et qui est obtenue au prix d’une alliance avec la gauche hollandiste et la droite sarkozyste. Faute de cette alliance, c’est Marine Le Pen qui aurait emporté la mise, puisqu’elle était arrivée en tête au premier tour.

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