John Kerry, de la paix au Vietnam
à la guerre contre Assad
par Laure Mandeville
En 1971, un jeune officier de marine américain aux cheveux noirs mi-longs nommé John Kerry plaidait avec passion la cause d'un retrait du Vietnam devant les élus du prestigieux comité des relations extérieures du Sénat.
«Comment expliquez-vous à un homme qu'il doit être le dernier à mourir pour une erreur?», lança dans une formule restée célèbre ce jeune officier de 27 ans, décoré de nombreuses médailles, pour avoir notamment plongé dans le Mékong et tué un Vietcong qui menaçait ses hommes avec un fusil-mitrailleur.
«Les Vietnamiens veulent que les États-Unis les laissent tranquilles», ajouta-t-il lors d'une séance qui allait le projeter en politique.
Quarante-deux ans plus tard, un John Kerry aux cheveux gris a plaidé ces derniers jours devant le même comité avec une passion tout aussi grande pour une intervention militaire punitive en Syrie, invoquant la morale et la nécessité de défendre la norme internationale sur l'interdiction des armes chimiques.
«Ce n'est pas le moment de rester spectateur», a-t-il martelé, mettant en garde contre «des tests bien plus durs si nous vacillons». Malgré les années, on reconnaissait bien le même homme, sa longue figure mélancolique, et surtout son éloquence élégante, ses talents de procureur passionné.
La séquence syrienne s'est révélée périlleuse pour lui
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