Le martyre des chrétiens d’Orient
vu par un chrétien… d’Occident
Il va sans dire, la situation actuelle des chrétiens au Moyen-Orient est dramatique. Depuis notre relatif confort de chrétiens de France, et malgré les brimades à répétitions que nous subissons nous-mêmes et à notre échelle, l’oppression qu’ils vivent au quotidien ne peut que nous horrifier. D’ailleurs, qui d’entre nous n’a jamais vécu cette tentation lancinante à la lâcheté qui nous ferait presque dire : « Ouf ! Je suis bien content de ne pas y être ! »
C’est l’éternel malaise des chrétiens face à toutes les formes de misère qui leur passent sous le nez. Malaise bien humain qui ne traduit pas nécessairement de la lâcheté comme on pourrait le craindre, mais le réveil progressif d’une conscience amorphe.
Evidemment, si l’on reste passif malgré la secousse, notre conscience, brièvement éveillée, se rendort aussitôt et le malaise s’avère effectivement lâcheté. Mais si l’on entretient ce réveil par des moyens à notre portée, si l’on passe à la réflexion, puis à l’acte, alors, le malaise se consume dans le feu de l’action pour renaître sous les traits de l’espérance. Ce qui était déséquilibre devient élan, ce qui était opprimant devient porteur.
Si je renvoie ainsi des chrétiens d’Orient vers nous, chrétiens de France, c’est non seulement que nos sorts sont liés, mais surtout que les premiers ont énormément à nous apprendre.
Et avant de s’intéresser au sort que leur réservent les médias occidentaux, objet de ce papier, il me paraît primordial de poser la question qui suit:
« Comment doit-on vivre, en tant que chrétiens, le martyre des chrétiens d’Orient ? ».
C’est la première étape pour vaincre le malaise évoqué en introduction : s’interroger sur ce que nous enseigne la foi à ce sujet.
Le père Teilhard de Chardin, éminent théologien, distinguait deux sortes de mal :
1) le mal, corruption d’un bien et
2) le mal, ébauche d’un bien (1).
En d’autres termes, il existerait un mal qui blesse et un mal qui édifie. On peut voir les deux à l’œuvre en Orient.
Le mal qui blesse.
Le mal qui blesse.
C’est celui qui saute le premier aux yeux et à la gorge de tous. C’est le plus facile à relever parce qu’imprimant sa marque directement sur le corps et sur l’esprit.
Sur le corps, d’abord : par le martyre des fidèles au sortir des églises en Egypte ; par le martyre des chrétiens engagés en politique au Pakistan ; par le martyre des minorités pacifiques en Syrie.
Sur l’esprit, ensuite : par les multiples humiliations subies au quotidien ; par les vexations entretenues au niveau du politique ; par les innombrables injustices, enfin, qui gangrènent la vie des chrétiens d’Orient, mémoire vivante de ces mêmes contrées.
C’est la dhimmitude en plein exercice : principe coranique de protection et d’assujettissement dicté par la sourate 9 verset 29 du Coran en ces termes : « Combattez ceux qui n’adhèrent pas à Allah […] jusqu’à ce qu’ils donnent, humiliés, le tribut de leurs mains.»
Ce mal-là, il faut le pleurer. Il est bon de le pleurer. Il blesse l’homme avant même le croyant. Rappelons qu’il n’est pas lieu ici de tirer des jugements de valeurs sur telle ou telle religion, mais seulement de s’attacher à la réalité des faits et aux revendications qui les précipitent.
Vient ensuite le mal qui édifie.
Vient ensuite le mal qui édifie.
Celui-ci est moins intuitif. Il demande recours à l’interprétation et donc à la foi qui nous anime tous puisque l’interprétation même implique qu’il y ait un sens impulsé à la réflexion au préalable.
Or, que pouvons-nous tirer comme enseignement du martyre des chrétiens d’Orient dans le respect de cette foi ?
La réponse repose dans l’étymologie du mot martyre qui signifie témoin en grec ancien. Ainsi, qualifier cette tragédie de martyre enrobe, de fait, les évènements d’une signification toute particulière, qui relève du mystique.
Comment ne pas reprendre à notre compte la phrase célèbre de Tertullien, premier théologien de langue latine : « Le sang des martyrs est semence de chrétiens ».
Voir les chrétiens mourir sur la croix à l’image du Christ en ce XXIe siècle, c’est un rappel éclatant de ce à quoi nous sommes tous appelés à vivre et qui fait la merveille de notre foi, c’est-à-dire l’amour ou le don total de soi, jusqu’au bout.
Même les croyants, c’est-à-dire nous-mêmes, ont besoin d’être continuellement raffermis dans leur foi, non pas par la parole et la raison qui nous laissent toujours au seuil de la foi, mais par l’exemple de saintes et de saint qui vivent leur foi au-delà même des mots, jusque dans leur chair.
S’il est bon de pleurer le mal qui blesse l’homme, rendons grâce pour ces témoignages qui édifient le croyant.
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