Des arguments pour penser l’Europe
Entretien avec le P. Antoine Guggenheim
Se comprendre européen est-il plus difficile aujourd’hui que lors du déclenchement de la Guerre de 1914 ? Bien au contraire ! L’Europe des nationalismes, de l’antisémitisme, du colonialisme s’était forgé un faux destin impérial. À trop se confier à la puissance que leur conférait la révolution industrielle, les Européens avaient perdu en quelque sorte leur esprit et leur âme. Aujourd’hui l’identité de l’Europe, nourrie de la mémoire longue des peuples, est plus dynamique, plus métissée, plus fragile peut-être, qu’il y a cent ans. N’est-ce pas ainsi qu’elle redevient européenne, c’est-à-dire toujours en mouvement et ouverte sous le double effet de sa racine grecque et de sa greffe biblique ? C’est en tirant les leçons de plusieurs séminaires du Pôle de recherche du Collège des Bernardins, et en comparant les attentes des Européens à celles d’autres peuples du monde, que le père Antoine Guggenheim nous livre une réflexion personnelle inédite où une « théologie pour profanes » se fait servante de l’expérience des sciences de l’homme et de la réflexion des acteurs. » à méditer en ces temps d’élections européennes.
Par-delà les replis nationalistes et par-delà les clivages politiques, on a l’impression que les Européens sont déboussolés, que l’aspiration, le désir de paix qui a engendré la construction européenne n’est plus une aimantation commune. Quel diagnostic portez-vous ?
Un désir de paix, de liberté et de justice sociale a traversé les peuples européens après la Deuxième guerre mondiale. À l’Ouest, des hommes et des femmes issus de la Résistance ou ayant fait la guerre ont insufflé à la construction européenne un esprit humaniste. Mais des nations ont été coupées en deux, congelées ou finlandisées par Yalta. Et l’on parle de 70 ans de paix : quelle amnésie ! C’est cela qui passe mal.
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