par Christian Vanneste
Ainsi l’Eurovision d’hier a été une caricature de cette Europe qui va voter on ne sait trop pourquoi dans quelques semaines. C’est la confusion des genres qui l’a emporté. Je ne parle pas du succès de la transgression, qui dans le fond est devenue un moyen publicitaire assez banal. La voix est belle, le style n’est pas neuf et on peut craindre que les poils au menton, sans importance aux yeux de celui qui les porte, ne soient la cause décisive de la victoire, au nom d’une liberté qui n’est plus que licence et d’une tolérance qui n’est qu’une provocation astucieuse et pas forcément désintéressée. Il faut être gogo pour s’y laisser prendre ou bobo pour en profiter. Non, la confusion la plus grave est d’attacher la moindre signification aux fêtes et aux agitations du show-bizz. On a scruté la vedette, emblème de l’idéologie du genre. On a failli voir dans la chansonnette ukrainienne qui ouvrait le cirque une réponse à Vladimir Poutine. Le microcosme du show-bizz a ses marottes, ses idoles et ses sorcières. Le propre de la décadence est de confondre l’art royal de la politique avec les paillettes du spectacle. Néron, déjà… Pendant ce temps, les choses sérieuses ont lieu ailleurs. Louis II préférait le théâtre à son règne. Au moins a-t-il laissé Bayreuth et Wagner. Mais pendant ce temps, l’Empire Allemand se faisait avec Bismarck contre la Bavière et contre la France. Toute décadence est marquée par des fêtes brillantes et souvent vulgaires. Les époques de reconstruction sont plus austères. Elles sont réactionnaires, et donc salutaires. De Gaulle, c’était la tragédie permanente. Avec Hollande, on est davantage dans le vaudeville. Hier, un travesti barbu autrichien et chantant en anglais a été couronné à l’Eurovision. Pendant ce temps, Poutine était en Crimée, et ne poussait pas la chansonnette mais entonnait l’hymne russe.
Le spectacle actuel du naufrage de l’Europe « occidentale » dans le monde est angoissant.
Le spectacle actuel du naufrage de l’Europe « occidentale » dans le monde est angoissant.
- Un continent vieillissant dont l’avenir semble passer nécessairement par une immigration de masse,
- une civilisation qui renie son passé et ses valeurs,
- des nations qui ont coloré le monde de leurs identités diverses, et qui disparaissent dans la grisaille d’un échafaudage technocratique,
- un géant économique et démographique incapable d’une politique indépendante de celle des Etats-Unis, telle apparaît l’Europe dont on voudrait qu’elle suscite l’enthousiasme de ses « citoyens ».
Les civilisations indo-européennes ont toujours distingué les trois ordres, celui de l’esprit, celui des armes et celui de l’économie.
La liberté saine qui doit caractériser nos sociétés ne doit pas confondre la recherche du Bien Commun, la politique, le nécessaire souci de la sécurité intérieure et extérieure, la défense, et le désir de vivre mieux matériellement, l’économie, la tête, les bras et le ventre.
Or de plus en plus, l’Europe se résume à n’être qu’un ventre, qui fonctionne assez mal d’ailleurs.
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