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domingo, 17 de noviembre de 2013

Le génie de Saint Louis, le 8 décembre à Grand’Maisons (Villepreux) avec Philippe de Villiers


Philippe de Villiers et le génie de Saint Louis



Entretien avec Philippe de Villiers au sujet de son ouvrage : 

Le roman de Saint Louis

Nous avons posé trois questions à l’auteur du Roman de Saint Louis qui est déjà un succès de librairie. Cet entretien fait comprendre pourquoi il serait utile de s’inspirer aujourd’hui de l’exemple de ce roi. 

Nous attendons un public très nombreux le 8 décembre lors de la 22è Fête du Livre à Grand’Maisons (Villepreux) pour écouter Philippe de Villiers poursuivre cet entretien sur son livre, dédicacer ce dernier et répondre à vos questions.

Renaissance Catholique : Pourquoi avoir écrit Le roman de Saint Louis ? 

Philippe de Villiers : J’ai écrit ce livre (1) à l’occasion du 800ème anniversaire de la naissance de Saint Louis comme le journal intime d’un grand caractère. Quand la maison s’écroule, il est urgent d’aller chercher un mur porteur. Le mur porteur de la France, c’est Saint Louis. En effet, il porte encore aujourd’hui l’idée qu’on se fait de la légitimité, de la dignité, de la justice. J’ai écrit aussi en pensant aux nouvelles générations qui voient la France choir et la gent politique se traîner au caniveau. Ce livre se veut un retour à la source primordiale à laquelle buvait l’Occident lorsque, croyant en lui, il se construisait sans se mépriser. 

Je l’ai écrit comme une cinéscénie littéraire. J’ai chargé ma plume d’une encre 3D pour y mettre le relief, la couleur, le suc qui donnent au récit une urgence vitale. Parfois, j’ai écrit avec les mots du Moyen Âge parce que cette langue est plus expressive que le français aseptisé d’aujourd’hui, passé au micro-ondes de la société médiatique. J’ai voulu déposer le vitrail de Saint Louis. Je l’ai ensuite remonté en m’assurant que le livre le faisait à nouveau respirer. Je voulais retrouver un Saint Louis vivant, vibrant, pétri d’humanité.

RC : Quel a été l’accueil de ses premiers lecteurs et commentateurs ? 

Ph. de V. : L’accueil des premiers lecteurs et commentateurs a été remarquable. Le livre flambe. En quelques heures, il a décollé. Sans doute parce que, dans cette période de désarroi, c’est un livre qui traite autant de notre aujourd’hui que de cette histoire lointaine et fascinante. J’ai voulu que ce livre fût un guide de survie et aussi un manuel de gouvernance, un psautier du sursaut pour les veilleurs. 

Saint Louis a tramé deux vies dans la même et il en a laissé le fil à la méditation de celui qui, échappant au vacarme, est encore capable de réfléchir. Il ne ressemble à personne et pourtant chacun lui ressemble un peu. C’est un roi d’apogée, un roi d’altitude qui nous tire vers les éthers. Mais c’est aussi un roi de souffrance et d’échecs. Dans la vallée des larmes qu’il traverse, il nous laisse en dépôt son humanité. Dans l’épreuve et l’adversité, il porte une part de nous-mêmes. Il connaît l’hésitation, le doute et jusqu’à la tentation d’abdiquer. Il apprend aussi l’amour, les rivalités de famille, l’omniprésence de la trahison et de la lâcheté autour de lui. 

Et finalement, ce roi-là va finir comme un nomade, battu par les vents de sable, allongé dans une longue chemise de lin trempée, les bras en croix sur un lit de cendre, configuré au Roi des rois : roi de poussière qui retourne à la poussière. Il va chercher sa sainteté dans son humanité. Il n’est pas surhumain. Il ajoute simplement à sa nature d’homme profond un peu plus de vérité, de beauté, de charisme et de grandeur.

RC : Quelles leçons les participants de notre Fête du Livre qui viendront vous écouter le 8 décembre peuvent déjà tirer de ce livre ? 

Ph. de V. : Ils peuvent tirer de ce livre des leçons de vie, des leçons de politique et de métapolitique. J’ai voulu faire apparaître Saint Louis comme un roi visionnaire. Il fut de son temps et de tous les temps. Sa pensée oscilla toute sa vie entre les deux Jérusalem : la céleste et la terrestre. Il fut un roi d’anticipation. Il voyait plus tôt que les autres ce qui affleurait. 

Derrière l’État féodal, il a vu poindre l’État moderne avec la loi soustraite à la coutume, la justice soustraite aux barons, la monnaie retirée aux seigneuries, le droit de déclarer la guerre interdit à ses vassaux. 

Derrière l’Église possédante, il vit émerger et favorisa l’Église mendiante. 

Derrière la croisade, il vit affleurer la mission de conversion en pensant que la langue de feu des apôtres irait plus loin que le feu grégeois des arbalétriers. 

Et il comprit qu’il fallait ordonner l’art du gouvernement au gouvernement des arts. Il enlumina son royaume, comme un copiste au secret de sa plume d’or, de moutiers, d’abbayes et de maisons-Dieu. 

On parle aujourd’hui du « siècle de Saint Louis » ; j’ai voulu faire comprendre l’accord profond entre un règne et un royaume. 

Saint Louis, c’est tout à la fois le rayonnement de l’art gothique, premier produit d’exportation de la France - toute l’Europe s’arrache nos architectes de cathédrales -, la gloire de l’Université de Paris - la première université du monde -, l’expansion de la langue française, la création du premier système hospitalier du monde : les pauvres furent ses commensaux. 

La modernité de Saint Louis est impressionnante. C’est le premier chef d’État qui interdit les cadeaux aux officiers royaux, les baillis et les prévôts. C’est aussi un roi de la Croisade. Il connaît le djihad et il le combat. La Croisade n’est pas pour lui une guerre d’agression mais de légitime défense, c’est-à-dire la reconquête du berceau du christianisme, le lieu même où le Christ est mort et ressuscité. Pour lui, la frontière de la chrétienté latine est le Jourdain. Il assume tout de ce qu’il est et il est le bouclier de lachristianitas. 

Dans toutes les controverses de son temps, Saint Louis montre qu’il a l’esprit clair. Il voit bien le caractère irréductible du christianisme à l’islam. Dans son entrevue de Cluny avec le pape, il développe son idée de la laïcité : le temporel et le spirituel doivent s’irriguer l’un l’autre mais ils ne doivent pas se confondre et il ose dire au pape : « Vous n’êtes pas là pour déposer les empereurs et les rois. » Il ne reconnaît aucun supérieur en son royaume au temporel. Toute sa vie, il cultivera la leçon de son grand-père Philipe Auguste, la leçon de Bouvines : « Protège les faibles, ils te protégeront. » 

Il laisse la trace d’un roi qui a su réunir sur lui la potestas et l’auctoritas. Quand on voit le spectacle lamentable de la vie politique de notre quotidien, on ne peut pas ne pas songer à la pente descendue : pour Saint Louis, le pouvoir était un service, aujourd’hui, pour les politiciens, il est une consommation, dont ils n’ont gardé d’ailleurs que les apparences pour mieux en jouir. La potestas est partie à Bruxelles et l’auctoritas dans les médias. Louis IX - Hollande 1er : le roi est nu. Fermez le ban !

Philippe de Villiers

(1) Le roman de Saint Louis, Albin Michel, 528 pages, 22 €.

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