Petite approche philosophique de l’amour
par Théophile
(article écrit en mars dernier pour le journal de mon école)
Il est assez difficile de parler philosophiquement de l’amour, tant il semble nous dépasser par son mystère et sa richesse. Cependant, puisque le philosophe est celui qui doit premièrement s’émerveiller de tout puis chercher à connaitre de manière universelle l’objet de son émerveillement, il nous faut oser ce cheminement afin de mieux comprendre ce qu’est l’amour et surtout ce qu’il n’est pas. L’enjeu de cette réflexion n’est pas spéculatif, mais pratique : il s’agit de mieux connaitre l’amour afin d’aimer chaque jour davantage en vérité, et témoigner autour de nous de la beauté de cette réalité. Si nous parlons ici de l’amour sponsal, il convient néanmoins de souligner son ancrage dans l’amour « philia », c’est-à-dire dans l’amitié. La vertu d’amitié, nous dit Aristote, est une disposition de la volonté à vouloir le bien de l’autre[1]. Mais cela ne suffit pas. Il faut que cette bienveillance soit mutuelle entre les deux personnes, et explicitée par chacune d’elles à travers des actes qui vont nourrir cette bienveillance en l’actualisant de façon concrète. De plus, il s’agit de vouloir le bien véritable de l’autre, et pas un bien apparent qui ne ferait pas grandir la personne vers sa finalité qui est le bonheur. En cela une telle bienveillance doit être fondée sur la vertu de justice, afin de permettre l’avènement du bien qui est dû à la personne en fonction de ce qu’elle est.
L’amour sponsal s’ancre dans l’amitié, en tant qu’il contient également cette notion de bienveillance. Cependant, et ici ce trouve sa spécificité, il contient la notion de don et d’exclusivité dans ce don mutuel. Dans l’amour, il s’agit non seulement de vouloir le bien de l’aimé, mais également de donner sa personne à l’autre. Comment comprendre ce don fait à l’autre ? Serait-ce une aliénation ? Non, il ne s’agit pas de devenir l’esclave de l’autre. Ce don est le don de la personne, qui est un être d’extériorité et d’intériorité. Le don n’est pas ici à comprendre au sens strict, c’est-à-dire comme la dépossession de son corps et de son esprit pour qu’ils deviennent la propriété de l’autre, mais comme l’union mutuelle des deux personnes à travers toutes leurs dimensions personnelles. Ainsi l’amour sponsal devra se déployer à travers la communion des corps et des esprits. Cette communion des vies est alors communion de l’intériorité et de l’extériorité ayant pour finalité le bien commun du couple, bien commun qui englobe l’avènement du bonheur de chacune des deux personnes ainsi que des enfants qui seront le fruit de cette communion.
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