par Christian Vanneste
France et Allemagne jouent à « Je t’aime. Moi, non plus ».
Wolfgang Schaüble avait pourtant jouer les grands frères compatissants en disant : « la France doit poursuivre le chemin des réformes structurelles. Elle sait qu’elle a des coûts administratifs et du travail trop élevés. »
C’était plutôt sympathique de voir des réformes structurelles dans un brouet de contre-sens, de mesures complexes et de réformettes, assaisonné, il faut le dire, d’un net changement lexical présidentiel, qui permet de dire compétitivité ou entreprise privée, sans donner l’impression de proférer un gros mot.
En bon professeur soucieux d’encourager un mauvais élève qui témoigne d’un peu de bonne volonté, l’Allemagne veut surtout que l’exécutif français prenne ses distances avec le discours idéologique et démagogique qui l’a amené au pouvoir et avec le Parti Socialiste.
Celui-ci, comme un taureau harcelé par le picador gauchiste, continue bêtement à voir rouge.
Certes, le PS aime l’Allemagne, mais pas les conservateurs allemands.
Pas de chance : ils sont au pouvoir et comptent bien y rester.
Alors, Ayrault twitte en allemand un mot doux pour Angela tandis que Hamon, toujours prêt à exhiber une intelligence qui devient légendaire, s’en prend à Merkel coupable, selon lui, de croire que l’austérité, çà marche.
La confrontation souhaitée par Bartolone entre la France et l’Allemagne se produit, mais c’est entre les deux discours socialistes, celui des réalistes qui pensent que ce n’est pas parce qu’on a dit une chose pour accéder au pouvoir qu’il faut se priver de dire le contraire pour s’y maintenir et les doctrinaires, les obsédés de l’exception française, de la dépense publique improductive érigée en modèle.
Pour dissimuler le changement de cap du pédalo présidentiel, il y a heureusement le brouillard des mots : croissance contre austérité.
Dans le fond, l’opposition franco-allemande existe sur ces deux termes, et la division des socialistes se résume à une nuance dans le ton : dialogue franc et amical ou polémique.
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