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domingo, 23 de septiembre de 2012

« J’érige ces stèles précisément pour que les gens se souviennent de cette catastrophe provoquée par l’homme, de ces ténèbres et de ces crimes, afin qu’à l’avenir on ne les reproduise pas. »


L’enquête implacable d’un Chinois 

sur les 36 millions de morts de Mao

Pierre Haski 


Ce livre est un monument. C’est d’abord une recherche historique exceptionnelle qui documente de manière implacable des faits connus mais jamais autant étayés ; c’est aussi un monument à la mémoire d’un père, victime de la tragédie que raconte ce livre.
« Stèles : la grande famine en Chine, 1958-1961 », du journaliste chinoisYang Jisheng, documente la plus grande catastrophe politique et humanitaire du XXe siècle, les 36 millions de morts de la famine due au Grand Bond en avant, un plan de développement économique désastreux lancé par Mao Zedong.
Yang Jisheng a aujourd’hui 71 ans et, de ce fait, ne craint rien, ni représailles du pouvoir, ni carrière brisée pour avoir publié le fruit de ses recherches d’abord à Hong Kong, puis dans le reste du monde.
Le livre, évidemment, est introuvable officiellement en Chine, même si l’on sait qu’il circule sous le manteau.
Yang Jisheng à Pékin, en 2010 (用心阁/Wikimedia Commons/CC)
Ce journaliste n’est pas un dissident. C’est un homme qui s’est engagé jeune dans la révolution maoïste, qui y a cru, qui en a partagé les moments forts. Il a même fait carrière à l’agence Xinhua (Chine nouvelle), le cœur du système d’information du Parti communiste.
Même lorsque son père est mort affamé, en 1959, Yang Jisheng, alors étudiant révolutionnaire, s’est bien gardé de toute « mauvaise pensée » qui aurait pu attribuer aux décisions politiques le malheur qui frappait sa famille.
Et pourtant, Yang Jisheng a fini par réaliser que le sort de son père a été partagé par d’autres, des milliers d’autres, des millions d’autres, des dizaines de millions d’autres.

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