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sábado, 4 de junio de 2016

La France n'est pas multiculturelle, fort heureusement ...


Multiculturalisme : lettre ouverte de Charles Beigbeder à Benoist Apparu


Par Charles Beigbeder


Monsieur le ministre,

En marge du dîner auquel vous avait convié hier soir Alain Juppé à la salle Wagram, aux côtés de nombreux maires de communes de France, vous avez, par un tweet aussi dangereux que contradictoire, exprimé votre foi dans une France multiculturelle. Je vous cite: «Oui au multiculturalisme, non au communautarisme, c'est ça l'identité heureuse!»

Propos extrêmement dangereux car, en prônant le multiculturalisme, c'est l'identité même de la France que vous contribueriez à dissoudre! Que signifierait en effet une France multiculturelle? Ce serait une nation où chaque immigré pourrait revendiquer sa langue, sa culture, ses mœurs, son histoire et ses traditions d'origine, à parité avec la langue et la culture historiques du pays d'accueil. En fait, ce ne serait plus une nation au sens où l'entend traditionnellement Renan quand il évoque «la volonté de continuer à faire valoir l'héritage que l'on a reçu indivis». Car, dans votre système, il n'y a plus ni langue officielle ni culture commune, rien qu'un supermarché des cultures qui vivent juxtaposées les unes aux autres dans une sorte de magma informe où le poids démographique d'une communauté serait le seul critère de légitimation d'une culture.

Le multiculturalisme procède en fait d'un grave renoncement qui découle lui-même d'un désamour originel: le rejet par de nombreux Français de leur propre culture. On a tellement réécrit l'histoire de France en la chargeant de tous les maux de l'humanité que ses héritiers veulent aujourd'hui se défaire du «fardeau de l'homme blanc», vouant aux gémonies une nation éternellement coupable d'un colonialisme qui lui serait consubstantiel et nous renvoyant, par une surenchère de déclarations vindicatives, dans la posture expiatoire du pénitent invétéré. Dès l'instant que nous n'aimons plus notre passé, nous renonçons à le transmettre aux générations suivantes et à exiger des immigrés nouvellement arrivés qu'ils en soient pétris intérieurement: c'est la fin du modèle français d'assimilation qui avait pourtant écrit ses lettres de noblesse jusque dans les années 70.

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