Translate

domingo, 11 de enero de 2015

L'attentat.à froid et à chaud - C'était seulement un combat pour ou contre les valeurs républicaines ? ..

L'attentat à Charlie hebdo (d'abord) à froid

L'une des lectrice de ce blog me demande de revoir l'attentat de Charlie Hebdo "à froid". Je n'ai pas beaucoup changé d'avis, quelles que soient les insultes sans risque que cela a pu me valoir et que d'accord avec notre cher Webmestre, nous publions (je dirais comme des symptômes). Je maintiens que les morts de Charlie Hebdo sont par position

Notre cher Manuel Gaz, jamais en retard d'une boulette, a expliqué clairement tout à l'heure que certes c'était la guerre, mais qu'il ne s'agissait pas d'une "guerre de civilisation", que c'était seulement un combat pour ou contre les valeurs républicaines.

Il y a là un affreux malentendu! Ni Koulibali, ni les frères Kouachi n'ont consciemment attaqué les valeurs républicaines. Comme dit la fatwa de leur commanditaire Yéménite, ils ont juste voulu tuer "ceux qui s'opposaient à Allah". Ils ont cherché à rendre "interdite" toute critique d'Allah et de son Prophète. Ils rêvent d'un monde où, soit par la persuasion douce de la Soumission (dont parle Houellebecq dans son roman, sorti le... 7 janvier en librairie cela ne s'invente pas) soit pas la dure loi des kalachnikovs, toute attaque contre l'islam serait rendue impossible. C'est cette loi qui règne déjà dans les pays musulmans, avec, en particulier, l'interdiction de la conversion de l'islam, interdiction explicitement contraire à l'article 17 de la Déclaration des droits de la personne en 1948. C'est cette loi que des Djihadistes subventionnés par des organisations politiques étrangères, veulent faire régner dans notre Pays. C'est ce type de communauté, fondée sur la Loi, qu'ils veulent exporter de chez eux à chez nous. Mon ami copte qui tient une petite pizzéria où j'ai mes habitudes me disait : ce que vous voyez depuis deux jours chez vous, c'est ce qui se passe depuis toujours chez nous. Dans les pays musulmans, dans la culture musulmane, à cause de certains versets du Coran (Sourate 9 par exemple), la violence est endémiques contre les mécréants. Contre les chrétiens. Contre les athées.

Pour répondre à cette guerre à la civilisation, la République, même si elle a une bonne police, n'est pas armée. Elle ne veut pas l'être. Elle ne voudra jamais défendre aucune civilisation. Elle en est constitutivement incapable.

Pourquoi? J'énonce ici une hypothèse de travail, mais je crois que la République et l'islam ont la même culture absolutiste et partant le même mépris pour la civilisation, mépris que Manuel n'a pas caché. Depuis Jean-Jacques Rousseau, la République [je ne parle pas de démocratie] est fascinée par l'islam et plus précisément dans le Contrat social, par Mahomet et les Califes : "Mahomet eut des vues très saines, il lia bien son système politique et tant que son gouvernement subsista chez les Califes ce gouvernement fut exactement un et bon en cela" (4, 8). Qu'est-ce qu'apprécie Rousseau chez Mahomet ? Sa politique. Il n'y a pas en islam deux pouvoirs, un pouvoir politique et un pouvoir religieux. Il y en a un seul, le Pouvoir politique. Il est absolu. De la même façon la République rousseauiste et française, ne voulut pas entendre parler de deux pouvoirs, l'un politique, l'autre religieux. Elle est "une et indivisible", elle est absolue. C'est pourquoi elle élabora la constitution civile du clergé, qui réduisait les prêtres à être des fonctionnaires de l'Etat. Et c'est pourquoi elle tua férocement (dans une sorte de péché originel dont elle n'a jamais été absoute, parce qu'elle n'a jamais reconnu une instance supérieure à elle qui puisse l'absoudre) tous ceux qui s'opposait à cette constitution civile (c'est l'histoire des massacres de septembre, où on laissa entrer dans les prisons politiques des fous de la Républiques agissant en dehors de toute loi, comme on peut parler aujourd'hui de fous d'Allah). Elle tua ensuite (dans un deuxième temps) tous ceux qui s'opposaient ou semblaient s'opposer à sa folie unaire, allant jusqu'à proclamer que les suspects étaient déjà coupables. Il suffit d'aller voir Timbuktu, ce film admirable, pour comprendre que lorsque l'islam règne, il y a aussi une loi des suspects. Toute l'histoire du film, autour de cette famille de nomades outlaw raconte quelque chose comme la mise en place d'une loi des suspectes... en Maurétanie! Le film se termine comme vous pensez, par un jugement sommaire et... deux exécutions... Au nom de la Loi.

Parler de civilisation, c'est admettre qu'il existe un ordre social, éthique et religieux (et je dirais dans l'ordre : qu'il existe un ordre religieux, éthique et sociétal) que l'Etat doit défendre et face auquel il n'a pas tous les droits, mais d'abord tous les devoirs. Alors ? Eh bien ! si l'Etat est au service de la civilisation (comme nous chrétiens nous le croyons tous spontanément), que devient son absolutisme? Il faudrait donc que des décisions de l'Etat (républicain ou islamiste, c'est tout un en l'espèce) puissent être jugés à l'aulne de la défense et du rayonnement de ce patrimoine historique et spirituel qui ne vient pas de lui, qui n'est pas à lui : impossible!

Nous ne sommes pas loin du fascisme, direz vous, avec cette théorie absolutiste et socialiste de l'Etat. Et je ne veux pas toucher au point Godwin en évoquant le fascisme. Je veux simplement expliquer une connivence, au lieu de la subir sans la comprendre. Le fascisme est définie dans l'Encyclopédie italienne de l'époque : "Tout pour l'Etat, tout par l'Etat, rien en dehors de l'Etat". Ce beau programme socialiste italien a immédiatement séduit les jeunes radicaux socialistes français, ceux que l'on appelait les jeunes Turcs, Gaston Bergery mais aussi Pierre Mendès France et les autres... Cette séduction mènera certains radicaux-socialistes à la Collaboration...

Réfléchissant à cet absolutisme originel (il suffit de lire Rousseau une heure pour le comprendre), je suis devenu de plus en plus démocrate et je crois que la démocratie, ce système qui envisage d'abord le bien du peuple, comme l'explique Léon XIII, est le système politique le plus proche du christianisme. Je ne parle pas (comme Platon au Livre 9 de la République) de la mise aux voix des vérités éternelles : si c'est cela, la démocratie est inepte. Je parle, comme les Ligueurs le firent d'instinct au XVIème siècle, sans être compris, de la défense nécessaire (et encore mieux de l'autodéfense nécessaire) du peuple. L'autodéfense, suite à une conscientisation politique profonde, est la vraie démocratie. La défense du peuple peut aussi être assurée par un Monarque. C'est ainsi qu'elle a été assurée le plus couramment au cours de l'histoire. Le Roi est un personnage sacré, non pas que ce sacré lui donne licence de faire n'importe quoi, mais parce que son corps est devenu le corps du peuple, dans une sublime mystique démocratique et spirituelle. Il est le gardien du peuple, la sacralité de son pouvoir renvoie -en christianisme - à l'infinie relativité de son exercice.

ab2t.blogspot.com
-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-

L'attentat à Charlie hebdo... à chaud


Nous, chrétiens, n'aimons pas Charlie hebdo, qui a suffisamment joué - sans risque - avec la foi des cathos. Mais il faut bien reconnaître qu'ils sont, aujourd'hui, du côté de la liberté et que ce bien est le plus précieux de tous - celui qui nous rend responsable, celui qui nous rend capables de mérites, celui qui nous sauve.

Les onze personnes (flics, journalistes antiflics, dessinateurs- Cabu, Charb, Tignous et Wolinski - mais aussi petites mains ou passants mélangés - terrible ironie du destin) qui ont payé de leur vie la publication de charia hebdo et des caricatures de Mahomet, sont des martyrs de la civilisation européenne. Les cinq blessés graves ne peuvent pas être oubliés. Les tueurs (deux ou cinq personnes selon les témoins) courent toujours : le bilan risque de s'alourdir."Il faut venger le Prophète" ont entendu des passants. Le crime était en tout cas parfaitement préparé, les terroristes connaissaient les lieux (ils en avaient eu une description) et ils sont arrivés à l'heure du Conseil de rédaction, ce que l'on ne peut attribuer au hasard qu'avec précaution...

On nous parle d'armes automatiques ; on nous parle même de lance-roquette... Cela évoque le contexte du djihad, que ce soit celui d'entraînement djihadistes en France ou de retour du djihad syrien ou irakien. On n'a plus affaire à des amateurs, mais à des gars surentraînés, qui ont devant eux des policiers, autant dire, ceux-là, des amateurs, pour la plupart. Le spectre de la guerre urbaine est en train sous nos yeux de devenir une réalité. L'Etat est-il armé pour faire face à cette Terreur ? Les hommes d'Etat sont-ils armés pour faire face à la Terreur islamiste ? Pendant la Révolution française, c'est l'Etat qui était terroriste. Aujourd'hui l'Etat est terrorisé. Sa grande force était sa capacité de renseignement. Cette fois, pour une opération de cette envergure, qui n'est pas le fait d'un loup solitaire comme Merah, la Police n'a rien vu venir. Le roi est nu. La parole risque d'être enchaînée. Pour être un homme politique, il faudra se sentir capable de perdre la vie, ou bien se condamner au mensonge...

Quel rapport avec l'islam, religion de liberté et de tolérance direz-vous ? Pourquoi est-ce du monde islamique que viennent ces violences ? Kamel Daoud, dans son très beau Meursault, Contre-enquête chez Actes sud, prête ce mot à Haroun, son tueur à lui. Nous sommes à la seconde du meurtre : "J'ai pensé aussi, même si ça peut paraître incongru pour un gars comme moi [non pratiquant] qu'il n'était pas musulman et que sa mort n'était pas interdite. Mais c'était une pensée de lâche" (p. 86). Attention : Haroun dit, c'était une pensée de lâche, qui se réfugie dans des considérations religieuses, parce que lui n'est pas un religieux et que non seulement il est non pratiquant mais en plus vaguement agnostique. Mais même à lui de telles pensées lui survienne. On pourrait dire : c'est culturel...

Le problème est effectivement culturel : comme dit Hubert Champrun, dans le prochain numéro de Monde et Vie, il nous faut un Ratisbonne II. Ce que le pape Benoît a dit sur la violence en matière religieuse, il faut le redire ensemble et que les hommes de religion (ceux que Pascal appelle "les spirituels") s'unissent pour condamner avec horreur cette culture de la violence que l'islam instille même chez des non-pratiquants. Je ne vois pas que l'on puisse éviter de dire que, sous ce rapport, cette culture est dangereuse. Si nous ne le faisons pas, ce danger se matérialisera toujours d'avantage et il y aura d'autres Charlie Hebdo. On finira par traiter en fait divers ce qui est un fait de civilisation.

ab2t.blogspot.fr

No hay comentarios:

Publicar un comentario