Dissection du cadavre moderne, relire «L’Empire du Bien»
« Je n'ai pas cherché à donner un tableau de notre société.
J'ai fait l'analyse de l'éloge qui en est fait. »
Au premier chapitre de L’Empire du bien, Philippe Muray nous propose de plonger dans cet empire, avant de tenter de le fissurer, de l’éreinter : « Pour expliquer notre fin de siècle, il faut d’abord la visiter, se laisser porter par les courants, ne pas avoir peur des cohues, applaudir avec les loups, se mettre à l’unisson des euphories ». Franchir ce pas ne se fait pas sans courage. Pour quiconque a depuis longtemps fait sécession, s’est refusé à la grande parade imposée, a préféré le recours aux forêts au grand cirque de nos pseudo-démocraties, une telle décision peut d’ailleurs faire froid dans le dos.
C’est pourtant bien la tâche du romancier, telle que le même Muray l’a développée dans sesExorcismes spirituels. Tâche bien plus digne et grave que ne pourraient nous le faire croire Messieurs Musso et Lévy ou Mesdames Pancol et Nothomb. Il n’est pas indifférent que Balzac soit le grand maître de Muray. Ce dernier a donc accepté avec courage – ne pensons pas un seul instant qu’un esprit aussi fin y ait trouvé un quelconque plaisir – de plonger les mains dans les tripes et la cervelles de la Bête cordicole.
Il a donc écouté les émissions des « grandes » radios nationales, publiques comme privées ; il a du subir la lecture des articles de Libération, du Monde et du Figaro ; il a prêté une oreille et un regard attentifs à toutes les grandes orgies du Bien : les prides, les fêtes des voisins, du sport ou du métissage, les grandes messes de l’ingérence humanitaire ; les mises en scène de la Culture officielle : biennales d’art contemporain, fête de la musique, « installations » conceptuelles.
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