Léonide Féodorof: le chemin parcouru
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Plus de 30 ans ont passé depuis la mort de l'exarque; il n'a pas été remplacé et de son exarchat il ne reste rien. Ecrit le père Mailleux, Son effort gigantesque se serait-il soldé par un échec total?
Ou plutôt l'exarque et sa petite Eglise catholique russe n'ont-ils pas été ce témoin qui vient éveiller les consciences puis se retire lorsque triomphe la vérité qu'il voulait établir?
Certes, si l'objectif du Père Féodoroff avait été de créer en Russie une communauté chrétienne nouvelle, rivale de l'Eglise nationale orthodoxe et aspirant à la supplanter un jour, le résultat de ses efforts apparaîtrait aujourd'hui comme l'opposé d'un succès.
Mais en fait ses vues avaient de la réalité une conception moins simpliste. Pourquoi aurait-il voulu évincer une Eglise nationale? N'était-ce pas elle, qui au cours des siècles, avait fait la Russie chrétienne?
S'il avait projeté de rivaliser avec le patriarche et avec le clergé de l'Eglise orthodoxe, pourquoi aurait-il manifesté un tel souci de les rencontrer et de conquérir leur amitié? Quand on lit ses lettres de l'époque, on le sent tressaillir de joie lorsqu'il peut écrire combien, dans la persécution, grandit le prestige du patriarche et de son clergé. Cependant en disciple de Solovioff, il ne pouvait prendre son parti de l'isolement de l'Eglise nationale russe; il aspirait à la voir établir avec l'Eglise universelle confiée à la garde du successeur de Pierre, des liens fraternels et visibles. Précurseur de l'oecuménisme, il rêvait d'une Union par entente des hiérarchies; ses lettres et, en particulier, ses longs rapports avec Pie XI en font foi. Mais pour que ce désir puisse devenir une réalité, il fallait avant tout que l'Eglise romaine qui aime à souligner sa vocation catholique, c'est-à-dire universaliste, accorde un droit de cité non seulement en droit, mais en fait aux traditions chrétiennes séculaires de la Russie au même titre qu'aux traditions latines et en pleine égalité avec elles.
Or en ce domaine, l'exarque a eu gain de cause. Quand, au début du vingtième siècle, Féodoroff se rendit à Rome pour s'y préparer au sacerdoce, il y avait certes en Russie une hiérarchie catholique et plusieurs centaines de prêtres catholiques exerçaient leur ministère dans les principaux centres de l'Empire. Cependant
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Sans l'histoire récente de la Russie, il est une coïncidence qu'il est impossible de ne pas remarquer. Au cours des fêtes de Pâques 1917, deux hommes rentrèrent à Pétrograd après de longues années d'exil. Le premier y arriva le samedi saint le 1er avril, juste à temps pour célébrer avec ses compatriotes la fête de l'espérance chrétienne; c'était l'exarque Féodoroff. Le second arriva le lendemain de la fête le 3 avril, c'était Vladimir Oulianoff, dit Lénine. Le premier avait regagné sa patrie dès qu'elle avait connu les affres de la guerre mais il avait été envoyé en Sibérie. Le second était demeuré caché en Suisse pendant les combats; il rentrait soutenu par l'ennemi. Tous deux apportaient à la Russie un programme universaliste. Lénine voulait en faire le centre de l'Internationale communiste; Féodoroff, lui, venait le presser d'entrer plus pleinement en communion avec la chrétienté universelle. La Russie n'a pas eu le temps de faire un choix; profitant de l'épuisement du pays après une lon gue guerre, Lénine et son parti ont saisi le pouvoir et ils l'ont conservé par la force. Pendant un demi-siècle déjà, ils ont tenu la Russie à l'écart du reste du monde.
Mais depuis cela a évolué Est-ce dans le sens que désirait l'Exarque?
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