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sábado, 7 de junio de 2014

« Orate, Fratres ; amate, Fratres ; vigilate, Fratres ! »


Le D-Day montre le caractère insoutenable d’un pacifisme absolu

Voici un extrait de l’intervention du cardinal Joseph Ratzinger, le 5 juin 2004, alors qu’il représentait Jean Paul II pour les cérémonies commémoratives du 60e anniversaire du débarquement.


Lorsque commença le débarquement des troupes alliées dans la France occupée par la Wehrmacht allemande, le 5 juin 1944, ce fut pour les gens du monde entier, mais également pour une très grande partie des Allemands, un signal d’espérance : que viennent bientôt la paix et la liberté en Europe. Qu’était-il arrivé ? Un criminel et ses comparses avaient réussi à prendre le pouvoir de l’État en Allemagne. Et cela créa une situation où, sous la domination du Parti, le droit et l’injustice s’imbriquaient l’un dans l’autre et souvent passaient, presque inséparablement, l’un dans l’autre. Car le régime conduit par un criminel exerçait aussi les fonctions classiques de l’État et de ses ordonnances. Il put ainsi, en un certain sens, exiger l’obéissance de droit des citoyens et le respect vis-à-vis de l’autorité de l’État (Rm 13, 1-5), mais il utilisait en même temps les instruments du droit comme instruments de ses buts criminels. L’état de droit lui-même, qui continuait en partie à fonctionner sous ses formes habituelles dans la vie quotidienne, était devenu en même temps une puissance de destruction du droit : la perversion des ordonnances qui devaient servir la justice et en même temps consolidaient et rendaient impénétrable la domination de l’iniquité, signifiait au plus profond une domination du mensonge, qui obscurcissait les consciences.

Au service de cette domination du mensonge, il y avait un régime de la peur, dans lequel personne ne pouvait faire confiance à autrui, parce que tout un chacun devait, d’une certaine manière, se protéger sous le masque du mensonge. Pareil masque servait à se protéger soi-même, mais contribuait d’autre part à renforcer le pouvoir du mal. Aussi fut-il de fait nécessaire que le monde entier intervienne pour faire sauter l’anneau de l’action criminelle, pour rétablir la liberté et le droit. Qu’il en ait été ainsi, nous en rendons grâces en cette heure, et ce ne sont pas seulement les pays occupés par les troupes allemandes et livrés de la sorte à la terreur nazie, qui rendent grâces. Nous-mêmes, allemands, nous rendons grâces de ce que, à l’aide de cet engagement, nous avons recouvré la liberté et le droit. S’il y a eu jamais, dans l’histoire, un bellum justum, c’est bien ici, dans l’engagement des Alliés, car l’intervention servait finalement aussi au bien de ceux contre le pays desquels a été menée la guerre. Une telle constatation me paraît importante, car elle montre, sur la base d’un événement historique, le caractère insoutenable d’un pacifisme absolu. Cela n’ôte rien, bien sûr, au devoir de poser très soigneusement la question si et à quelles conditions est possible encore aujourd’hui quelque chose comme une guerre juste, c’est-à-dire une intervention militaire, mise au service de la paix et obéissant à ses critères moraux, contre des régimes injustes établis. Surtout, ce qu’on a dit fait mieux comprendre, espérons-le, que la paix et le droit, la paix et la justice sont inséparablement liés l’un à l’autre.Quand le droit est détruit, quand l’injustice prend le pouvoir, c’est toujours la paix qui est menacée et déjà, pour une part, brisée. La préoccupation pour la paix est en ce sens avant tout la préoccupation pour une forme du droit qui garantit la justice à l’individu et à la communauté dans son ensemble. (…)

Notre pays et le débarquement… deux jours après le D-Days, voici ce que Pie XII disait le 8 juin 1944 à la presse française au sujet de celle qui sera toujours la fille aînée de l’Eglise, la France :

« Il y a presque exactement sept ans — c’était le 13 juillet 1937 – Légat de notre vénéré Prédécesseur Pie XI, Nous proclamions du haut de la chaire de Notre-Dame de Paris son amour pour la Fille aînée de l’Église, Notre propre amour pour la France. Appelé à Notre tour à devenir le Vicaire du Christ, Notre amour s’est fait plus grand et plus profond encore. Et, parce que la «douce France » est devenue la douloureuse, la meurtrie, Notre amour pour elle s’est fait plus tendre que jamais. Nous parlions alors de sa vocation providentielle ; Nous la rappelons aujourd’hui avec les mêmes sentiments. Et Nous avons au cœur la conviction que Dieu, continuant de se servir du noble peuple français dans l’accomplissement de ses desseins, ramènera les regards et la confiance du monde vers une France toujours plus glorieuse et plus prospère.

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