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domingo, 20 de septiembre de 2015

Bruno Riondel évoque les luttes idélogiques dont l'école de la République est la proie.


L'école, l'islam et l'Histoire : le témoignage d'un prof de banlieue


Par Alexandre Devecchio


L'enseignement de l'histoire à l'école a une dimension civique et idéologique évidente. Il assure la cohésion d'un peuple. L'histoire enseignée n'est jamais neutre et sert un projet politique. Ainsi, l'histoire repentante sert le multiculturalisme par abaissement de la culture dominante diabolisée et rehaussement des autres cultures posées en victimes de l'histoire.
LE FIGARO. - Votre livre s'ouvre la lettre de Marie-Claude Faivre, professeure de Lettres, à la suite du suicide de Lise B, immolée par le feu au Lycée Jean Moulins de Béziers. Que révèle cette entrée en matière?

Bruno RIONDEL. - Elle révèle le désarroi d'un milieu enseignant confronté à des difficultés croissantes. C'est aussi un beau texte, très émouvant. Il est en lien avec la question scolaire dans sa globalité. La lettre de Marie-Claude Faivre exprime aussi, avec précision, le vécu quotidien des enseignants confrontés aux réalités, aujourd'hui excessivement normatives, d'un milieu éducatif soumis aux exigences bureaucratiques croissantes de la cléricature laïque qui gère le système scolaire, depuis le Ministère et au sein des rectorats. Elle constitue donc une excellente entrée en matière pour un livre sur l'école.

Votre livre puise dans votre expérience de professeur d'histoire de l'enseignement secondaire. Depuis combien d'années enseignez-vous? Comment analysez-vous l'évolution de l'école depuis vos débuts?

J'enseigne depuis près d'une trentaine d'années. L'école a connu une évolution nécessaire, mais elle se trouve aujourd'hui dépassée par sa dynamique réformatrice qui s'est emballée au contact d'un multiculturalisme qui conduit trop souvent les pédagogues à pratiquer une fuite en avant adaptative. L'école s'est en effet démocratisée au cours des années 90 avec l'accès de 80% d'une classe d'âge au baccalauréat, ce qui fut un réel progrès démocratique, chacun pouvant espérer aller le plus loin possible dans ses études. L'école s'est aussi préoccupée du développement personnel des jeunes dans le but de les épanouir, ce qui fut aussi une avancée louable. Mais, elle a dramatiquement laissé tomber les valeurs d'autorité, de discipline et d'efforts, nécessaires à l'acquisition d'une instruction solide. Le rejet du cadre structurant traditionnel, jugé réactionnaire, a subverti un système éducatif qui dès lors s'est progressivement affaissé. Ces progrès qui concernaient essentiellement les jeunes gens porteurs d'une culture occidentale, et chez lesquels il fallait assouplir les effets de normes morales parfois trop contraignantes, se sont révélés inadaptés au contact de certains publics nouveaux. Des comportements d'affirmation excessifs, et même parfois d'opposition, de la part de jeunes dont l'inconscient culturel est différent, sont ainsi apparus, l'esprit laxiste post soixante-huitard ambiant aggravant certaines situations. Au lieu d'affronter ces réalités nouvelles, l'école s'y est adaptée en détricotant toujours plus le système de références traditionnelles, au nom du pédagogisme niveleur des différences.

Au-delà des problèmes de violences, de chute du niveau et de transmission des savoirs, vous dénoncez l'intrusion de revendications communautaires au sein de l'école républicaine. Est-ce vraiment le principal problème de l'éducation nationale aujourd'hui? Ne s'agit-il pas d'un problème plus large de perte de repères et d'autorité?

Cette intrusion se manifeste par des comportements déplacés divers (contestation des savoirs, revendications multiples et séparatistes, provocations, etc.) et par une tendance à la structuration communautariste de la jeunesse musulmane au sein des établissements.
Ce n'est pas le principal problème de l'école d'aujourd'hui mais cela constitue déjà une problématique majeure dans certaines zones sensibles et s'inscrit effectivement dans un contexte de crise d'autorité. La faiblesse des réponses apportées par l'institution républicaine, confrontée à la perte des repères, renforce la détermination des prosélytes. Cette intrusion communautaire se manifeste par des comportements déplacés divers (contestation des savoirs, revendications multiples et séparatistes, provocations, etc.) et par une tendance à la structuration communautariste de la jeunesse musulmane au sein des établissements (tables séparées et menus toujours plus différenciés, dispenses d'activités scolaires non «islamiquement correctes» (la piscine pour certaines jeunes filles), intensification de la pratique religieuse avec effets visibles (hypoglycémie, instabilité…) lors du mois de ramadan...
Le réseau de pouvoir républicain est ainsi doublé par un réseau religieux, véritable contre-pouvoir. De même, la mosquée du quartier peut aussi servir de contre école et les savoirs mécréants appris en classe seront révisés dans un sens plus « islamiquement compatible ».
Elle se traduit aussi par les liens stratégiques établis entre l'intérieur et l'extérieur de l'établissement par certains élèves, des surveillants et même parfois par des enseignants musulmans, avec des «grands frères» fréquentant assidument la mosquée. Ainsi, parfois, lorsqu'un élève sous emprise religieuse entre en conflit avec certains personnels éducatifs, il obtiendra le soutien de la communauté contre l'institution, l'administration de l'établissement choisissant bien souvent de se placer en retrait pour ne pas envenimer la situation. Le réseau de pouvoir républicain est ainsi doublé par un réseau religieux, véritable contre-pouvoir. De même, la mosquée du quartier peut aussi servir de contre école et les savoirs mécréants appris en classe seront révisés dans un sens plus «islamiquement compatible».

N'exagérez-vous pas des phénomènes marginaux?

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