La théorie du genre :
le livre que doit lire Najat Vallaud-Belkacem
par Eugénie Bastié
La ministre de l'Education, qui avait affirmé que «la théorie du genre n'existait pas», vient d'annoncer son plan d'action pour l'égalité entre filles et garçons. Eugénie Bastié lui conseille de lire La théorie du genre, de Bérénice Levet,qui a enquêté sur cette thèse controversée.
«La «théorie du genre», ça n'existe pas! C'est comme le monstre du Loch Ness, tout le monde en parle, mais personne ne l'a vu!», déclarait Najat Vallaud Belkacem dans une interview au Point en juin 2013.
Circulez y a rien à voir! Quiconque relaye cette «rumeur» ou cette «prétendue théorie du genre» (comme l'écrit l'AFP) est taxé immédiatement d'obscurantiste, d'ufologue ou pire, de crypto-soralien. Les «experts» de la question, renvoient les «braves gens» à leurs hallucinations, se croyant suprêmement malins de faire la distinction entre d'une part les «gender studies», champ universitaire absolument objectif décrivant la part de constructions sociales dans l'altérité homme-femme, et d'autre part une «théorie du genre» fantasmée par les catholiques intégristes.
Bérenice Levet ne tombe pas dans le panneau et assume le vocable tabou. Son livre La théorie du genre ou le monde rêvé des anges est un véritable ABCD du genre, et probablement ce qu'on a écrit de pus complet sur la question. Dans cet essai de 200 pages, cette docteur en philosophie remonte patiemment, avec érudition et pédagogie, le fil de cette idéologie, du fameux «On ne nait pas femme, on le devient» de Simone de Beauvoir, aux écrits de Judith Butler, papesse américaine du gender, en passant par les expériences du docteur John Money. (1)
John Money, vous connaissez? Les partisans du genre n'aiment pas trop qu'on évoque ce cas douloureux. C'est pourtant par lui que tout commence. En 1955, il invente la notion de gender. Il travaille alors sur les enfants hermaphrodites, auxquels il attribue arbitrairement un sexe, d'abord «culturellement», puis chirurgicalement. Le pauvre Bruce en fit les frais: le pénis mutilé par une circoncision raté, Dr Money ordonne à ses parents qu'on l'éduque dès lors comme une fillette, rebaptisé Brenda. Mais à la puberté, quand vient le temps de l'opération chirurgicale censée donner à l'enfant le vagin conforme à sa nouvelle identité, Brenda se rebiffe, et reprend le nom de Bruce, en même temps qu'il (elle?) tente de retrouver son identité masculine. «Troublé» dans son genre (comme aime à dire Judith Butler, pour qui c'est le summum de la liberté), Bruce finira par se suicider en 2002. Triste épilogue d'une réactualisation du mythe de Prométhée.
Etre ou ne pas naître, telle est la question
Comme dans le mythe grec, il y a, au cœur du genre, une tentation démiurgique, un refus des limites, «une méconnaissance et un mépris fondamental de la condition humaine». L'homme est vide, creux, il est une page blanche où il écrit sa vie. Sexe, genre, orientation sexuelle: les combinaisons sont infinies, les possibilités sans limites. Ni nature, ni culture, tout est affaire de volonté. Androgyne, transsexuel, bi-genre, hermaphrodite, mâle ou femelle: sur Facebook, je peux cliquer sur plus de 56 identités sexuelles pour me définir. Laure, la petite fille du film Tomboy ira jusqu'au bout de la «possibilité Michael», le prénom qu'elle prend lorsqu'elle se déguise en garçon. «Pop», l'enfant suédois élevé dans la «neutralité» par ses parents, sera invité à «choisir» son sexe quand il sera grand. Ou pas. Il fera comme il voudra.
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La théorie du genre ou le monde rêvé des anges
Ouvrage remarquable, accessible, qui explique bien les origines d'un idéologie pernicieuse et totalitaire, aux multiples conséquences. Le "genre" n'est pas qu'un concept, comme le prétendent ses gourous. C'est aussi le véhicule d'une idéologie, d'une théorie, dont l'auteur le plus connu est la Lesbienne américaine Judith Butler. A lire par tous les gens avides de comprendre d'où vient le "mariage pour tous" et où il nous conduira s'il n'est pas abrogé.
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