« Hors de l’Eglise point de salut »
Lu sur Réponses catholiques :
"« Hors de l’Eglise, point de salut ». Nombreux semblent omettre cet adage dogmatique qui les dérange, car non conforme à leur fausse conception de la vérité et de la miséricorde.
Il est important de remettre cette citation de St Cyprien de Carthage dans son contexte car, effectivement, elle en dérange plus d’un. Mais peut-être pas celui qu’on croit.
Rappel des faits : au IIIe siècle, une persécution très dure s’abat sur les chrétiens de Carthage. Plusieurs acceptent d’accomplir les rituels religieux pour l’Empereur, estimant que cela ne les engage pas à grand-chose vu qu’ils gardent la foi dans leur cœur. D’autres, effrayés, abandonnent effectivement le christianisme. L’évêque Cyprien part se mettre à l’abri à l’extérieur de la ville.
La situation se calmant, Cyprien revient et certains lapsi (ceux qui ont accepté de sacrifier dans les temples) reviennent aussi à l’église. Sauf qu’entretemps, des chrétiens fervents ont tenu bon dans la persécution et sont scandalisés que les lapsi soient réintégrés après avoir renié leur foi et que Cyprien reprenne sa charge d’évêque alors qu’il est allé « se planquer ». Ce groupe a d’ailleurs élu et ordonné un autre évêque. Ils sont donc de facto en schisme.
Après discernement, ce qui allait devenir l’Eglise catholique, la « Grande Eglise », comme disent les historiens, avait en effet accepté de réintégrer les lapsi repentants, après un temps de pénitence sévère. Au grand dam de groupes radicaux qui ont créé de ce fait plusieurs églises dissidentes et ont ouvert le champ à bien des hérésies (de Novatien, donatiste etc).
En disant « hors de l’Eglise point de salut », Cyprien vise deux publics :
– Ceux qui sont tentés d’abandonner la foi chrétienne par peur des persécutions. Il leur signifie qu’ils ne trouveront rien répondant à leurs aspirations spirituelles ailleurs et que, certes, ils sauveront leur vie mais elle sera misérable et sans espérance
– Ceux qui quittent une église qu’ils jugent trop laxiste. En devenant schismatiques, ils quittent les promesses de salut que le Christ a donné pour mandat de transmettre à son Eglise.
Notons qu’à aucun moment, il n’est question ici des païens et des Juifs. Leur salut est une autre affaire et n’est pas qualifié ici. C’est le Concile de Vatican II qui tranchera ce débat, en particulier avecNostra Aetate. Partant du fait que ceux qui n’ont jamais été chrétiens ne sont pas concernés par ce genre d’assertion, il s’est fondé sur différents points :
– Dieu a promis le salut au Peuple juif au Sinaï et Il ne revient jamais sur ses promesses. Dire qu’aucun Juif ne peut être sauvé signifie que Dieu ne tient pas parole
– Dès l’Ancien Testament, des païens sont des justes (Job, Rahab). Comment ne pourraient-ils pas être sauvés ?
– Jésus-Christ est venu pour le salut de tous. Cela ne signifie peut-être pas que tous sont sauvés mais que tous peuvent l’être. Quelqu’un qui n’a jamais eu accès à la Bonne Nouvelle de Jésus peut néanmoins être englobé dans son salut.
Pour en revenir à Cyprien, il en va différemment pour ceux qui étaient chrétiens.
En l’occurrence ceux qui,
- soit apostasient, ce qui est un péché très grave,
- soit quittent l’Eglise en prétendant avoir mieux compris qu’elle ce qu’elle doit être.
Ils ne trouveront rien de salvifique dans cette aventure et Cyprien les exhorte à se repentir et revenir à la communion. S’il ne nous est pas permis de spéculer sur leur salut, la mise en garde de Cyprien doit néanmoins être entendue avec le poids qu’elle mérite.
Précisons que, à une persécution suivante, Cyprien restera à Carthage et consommera sa charge épiscopale par le martyre."
Source: lesalonbeige.blogs.com
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