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sábado, 2 de enero de 2016

Napoléon Bonaparte: « Ce bougre-là ! Il n'est pas content de me couper la tête, il voudrait encore me déshonorer »


Le 01 janvier 1771 : naissance de Georges Cadoudal, chef militaire breton.


Grande figure de la contre-révolution, il sera commandant de l'Armée catholique et royale de Bretagne.Charismatique, il est très apprécié du peuple. Georges Cadoudal nait le 1er janvier 1771 à Kerléano, petit village près d'Auray. Fils de meunier, il étudie au collège Saint Yves de Vannes.

En 1793, peu après l'exécution du Roi Louis XVI à Paris, la levée en masse est décrétée par la Convention pour défendre les frontières de l'Est contre l'Europe. Dans l'ouest, en Bretagne, en Vendée, les nouvelles lois sur la conscription sont mal acceptées par la population. Cadoudal comme beaucoup d'autres, refuse de se soumettre.

Il rejoint alors la grande armée catholique et royale de Vendée, et s'y fait rapidement remarquer par sa force et son intelligence, promu chef d'escadron, il se bat jusqu'à la défaite de l'armée vendéenne à Savenay, le 23 décembre 1793 (voir la chronique du jour). Il échappe au désastre et se replie en Bretagne, dans la Morbihan, pour y organiser la résistance.

En 1795, Georges Cadoudal prend le commandement des chouans du Morbihan et refuse de se placer sous les ordres du Comte de Puisaye, ce dernier voulant réunir l'ensemble des chouans de la Bretagne sous son seul commandement. Au printemps 1795 Cadoudal rejette un cessez-le-feu conclu entre chefs royalistes et révolutionnaires à La Mabilais, et continue seul le combat.

En août, il est promu major-général et réunit sous son commandement l'armée chouanne et les troupes rescapées du désastreux débarquement de Quiberon. A la fin de l'année 1795, il reprend Sarzeau, puis Locminé en avril 1796, mais son armée est en infériorité numérique face à Hoche, La paix est signée le 16 juin 1796. Alors le chef chouan se consacre au relèvement du pays vannetais en désarmant les bandes armées incontrôlées.

Le 4 septembre 1797, le Directoire succède à la Convention Révolutionnaire (voir la chronique du jour sur ce coup d'Etat) ; Georges Cadoudal reprend le combat ; nommé commandant en chef de la Bretagne par le futur Louis XVIII, il est traqué par les bleus. Il reprend Sarzeau, mais alors qu'il s'apprête à rentrer dans Vannes, son action est stoppée par le coup d'état de Bonaparte, en novembre 1799.

Le Premier consul l'invite à Paris pour conclure une paix définitive ; Bonaparte désireux de voir Cadoudal se rallier à lui, lui promet grade, rente et distinctions, mais l'entrevue échoue et le chef chouan gagne l'Angleterre pour y poursuivre le combat. Il y est promu lieutenant général des armées du Roi. 

« Tenez, par exemple, il a y a parmi les conjurés un homme que je regrette; c’est Georges. Celui-là est bien trempé; entre mes mains un pareil homme aurait fait de grandes choses. Je sais apprécier tout ce que vaut la fermeté de son caractère, et je lui a aurais donné une bonne direction. Je lui ai fait dire par Réal que s’il voulait s’attacher à moi, non-seulement il aurait sa grâce, mais que je lui aurais donné un régiment. Que sais-je? je l'aurais peut-être pris pour aide-de-camp. On aurait crié; mais cela m’eût été, parbleu, bien égal. Georges a tout refusé; c’est une barre de fer. Qu'y puis-je ? il subira son sort, car c’est un homme trop dangereux dans un parti; c’est une nécessité de ma position. Que je ne fasse pas d'exemples, et l'Angleterre va me jeter en France tous les vauriens de l’émigration; mais patience, patience! j’ai les bras longs, et je saurai les atteindre s’ils bougent.
Moreau n’a vu dans Georges qu'un brutal, moi j’y vois autre chose. Vous devez vous rappeler la conversation que j’eus avec lui aux Tuileries, vous étiez avec Rapp dans la pièce à côté. Je n’ai pu parvenir à le remuer. Quelques-uns de ses camarades furent émus au nom de la patrie et de la gloire, mais pour lui il resta froid. J’eus beau tâter toutes les fibres, parcourir toutes les cordes; ce fut en vain, je le trouvai constamment insensible à tout ce que je lui disais. Georges ne parut alors à mes yeux que froidement avide du pouvoir, il en demeurait toujours à vouloir commander les Vendéens. Ce fut après avoir épuisé tout moyen de conciliation que je pris le langage du premier magistrat. Je le congédiai en lui recommandant surtout d’aller vivre chez lui, tranquille et soumis, de ne pas se méprendre sur la nature de la démarche que j’avais faite vis-à-vis de lui, de ne pas attribuer à faiblesse ce qui n’était que le résultat de ma modération et de ma force: Dites-vous bien, ajoutai-je, et répétez à tous les vôtres que, tant que j’aurai les rênes de l’autorité, il n’y aura ni chance ni salut pour quiconque oserait conspirer. Je le congédiai alors, et la suite a prouvé si j’avais raison de lui recommander de se tenir tranquille. Réal m’a dit que quand Moreau et lui s’étaient trouvés en a présence avec Pichegru, ils n’avaient pu s’entendre, parce que Georges ne voulait pas agir autrement que pour les Bourbons. Eh bien, il avait un plan, mais Moreau n’en avait aucun : il voulait renverser mon pouvoir sans savoir ce qu'il mettrait à ma place. Cela n’avait pas le sens commun. » 
Napoléon Ier, cité par Louis Antoine Fauvelet de Bourrienne, Mémoires

En août 1803, il revient en France pour organiser l'enlèvement de Bonaparte. Cadoudal qui avait refusé de s'associer aux conspirateurs est arrêté, et condamné à deux ans de prison. Le chef chouan ne renonce pas ; à nouveau arrêté le 25 mars 1804, il est cette fois condamné à mort le 10 juin. Voici le récit de sa mort :

Le 9 mars 1804, vers sept heures du soir, trahi par son logeur, il est repéré par un prévôt place du Panthéon et pris en chasse par une escouade de policiers. Une course poursuite effrénée commence dans les rues de Paris. L'inspecteur Buffet s'effondre, le fugitif blesse grièvement un deuxième homme. Il saute du cabriolet bien décidé à s'échapper. Cerné au carrefour l'Odéon, il est finalement maîtrisé.

Le jeune Breton, vigoureux, à la corpulence énorme et au regard clair, répond à ses juges d'une voix limpide et assurée :

« - Que veniez-vous faire à Paris ?- Attaquer le premier Consul

- Où avez-vous logé ?- Je ne veux pas le dire.

- Pourquoi ?- Parce que je ne veux pas augmenter le nombre des victimes.

- Quel était votre projet et celui de vos conjurés ?- De mettre un Bourbon à la place de Bonaparte.

- Quel était ce Bourbon ?- Louis XVIII.

- N'était-ce pas avec un poignard que vous vous proposiez d'assassiner le premier Consul ?

- Je ne suis pas un assassin. Je devais l'attaquer avec des armes pareilles à celles de sa garde ». (Extrait du premier interrogatoire de Georges Cadoudal, le 18 ventôse de l'an 12 – 9 mars 1804, reporté par Adolphe Thiers dans Histoire du Consulat et de l'Empire, T3, 1845).

Au juge qui lui reproche d'avoir tué un père de famille, il répond avec un aplomb désarmant :

« La prochaine fois faites-moi arrêter par des célibataires ! ».

Cadoudal est-il responsable de la « conspiration de la machinerie infernale » du 24 décembre 1800, premier attentat à la voiture piégée de l'histoire ? Le chouan reconnaît avoir eu vent du projet, mais ignorer les moyens terroristes mis en œuvre par son lieutenant, Saint-Régeant. Aucune charge concernant cet attentat manqué contre Bonaparte, qui a fait vingt-deux morts et une centaine de blessés rue Saint-Nicaise, n'est finalement retenue contre lui.

Napoléon Bonaparte offre de gracier le lieutenant général des armées du Roi à plusieurs reprises en échange de sa soumission, celui-ci refuse avec obstination : « Ce bougre-là ! Il n'est pas content de me couper la tête, il voudrait encore me déshonorer ». Il meurt avec ses amis. Néanmoins, il exprime une dernière volonté à l'exécuteur de Paris, son bourreau :

« Vous saurez que je veux être exécuté le premier. C'est à moi à donner à mes camarades l'exemple du courage et de la résignation ; d'ailleurs, je ne veux pas que l'un d'eux s'en aille de ce monde avec l'idée que je pourrais lui survivre ».

Ce désir lui est refusé. L'ordre d'exécution est fixé et sa tête tombera la dernière.

Le 25 juin 1804, Georges Cadoudal et onze de ses compagnons sont menés en place de Grève (Voir la chronique du jour). En quittant la Conciergerie, dans un dernier adieu, il professe inlassablement sa foi pour donner du courage à ses partisans condamnés : « Et maintenant, il s'agit de montrer aux Parisiens comment meurent des chrétiens, des royalistes et des Bretons ». D'un pas sûr et lent, la démarche fière et l'œil assuré, le colosse gravit les marches de l'échafaud et clame d'une voix retentissante : « Camarades, je vous rejoins. Vive le Roi ! ».

Héros populaire, anobli post mortem par Charles X, il est élevé à titre posthume à la dignité de maréchal de France. A la Restauration, ses restes pieusement recueillis, sont rendus à la Bretagne et inhumé sur le lieu de sa naissance, dans un mausolée à Kerléano.



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