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jueves, 21 de enero de 2016

De 1902 à 1904, l’État fit fermer 12 900 écoles primaires, secondaires et techniques, toutes catholiques


Laïcité, une arme de combat plus ambiguë qu’on ne le pense


par 
Bernard Plouvier


Parmi les « Valeurs républicaines » dont on nous rebat les oreilles, il en est une que chacun croit connaître et dont n’importe qui, doté d’un peu de connaissances historiques et d’un minimum de mémoire pour les faits récents, peut douter de son application au quotidien.

Il est exact que, de 1815 à 1830, le clergé catholique de la Restauration avait eu un comportement grotesque, mêlant réaction politique et (déjà) repentance. Mais, sous la Monarchie de Juillet, où s’installa en France le triomphe de la trinité dorée des financiers, négociants et entrepreneurs, les catholiques sociaux avaient défendu les droits des exploités. En 1848, le mouvement révolutionnaire était anticapitaliste, tandis que nombre de « bons prêtres » étaient élus députés. Hélas, sous l’Empire, l’on assista au reniement du catholicisme social, à la collusion de l’épiscopat (mais aussi des consistoires juifs et luthériens) et du régime de noceurs et d’affairistes.

La leçon fut retenue par les nouveaux maîtres, « opportunistes » et « radicaux », de la IIIe République, qui appartenaient à la nouvelle trinité ou en étaient les obligés. On lança un message, qui semble encore faire florès : « Le gros argent est catholique » ! À peine installé à la Présidence de la République, en 1879, Jules Grévy, par ailleurs Franc-maçon, donna le mot d’ordre : pour détourner l’attention des ouvriers et des petits employés sous-payés, l’on va « leur faire bouffer du curé ». En 1896, Jules Méline (du Grand-Orient) déclara publiquement que l’anticléricalisme (entendre : anticatholicisme, puisque seuls les prêtres et les moines étaient attaqués) n’avait jamais été « qu’une tactique des radicaux pour tromper la faim de leurs électeurs ».

En 1901, le très sectaire Pierre Waldeck-Rousseau exclut la quasi-totalité des Congrégations catholiques du bénéfice de la Loi de 1901 sur les associations, les fit dissoudre et vendit leurs biens au profit de l’État. De 1902 à 1904, l’État fit fermer 12 900 écoles primaires, secondaires et techniques, toutes catholiques : 1,5 million d’enfants et d’adolescents furent obligés de changer d’établissement en cours de scolarité, pour complaire à l’anticatholicisme de politiciens haineusement sectaires.

En 1905, la Loi de séparation des Églises et de l’État supprima le traitement des prêtes, rabbins et pasteurs, laissés à la charité de leurs ouailles ou de leurs consistoires. Pour l’État, l’économie réalisée chaque année fut de 40 millions de francs (sur un budget de 3 milliards), mais en outre, l’on spolia la seule Église catholique de l’ensemble de ses biens mobiliers et immobiliers : les églises, évêchés, séminaires devinrent propriété de l’État (qui loua quelques bâtiments au clergé)… le piquant de la chose fut que, pour les trois départements algériens, l’on continua d’allouer 200 000 F/an pour rétribuer imams, ulémas et gardiens de mosquées : on tentait déjà de monnayer le calme en zones musulmanes !

Ce petit rappel historique (d’un auteur rigoureusement athée) a paru nécessaire pour faire comprendre que la fameuse séparation était avant tout une machine de guerre à visée électorale et que la collusion de « l’État laïc » avec l’islam – que n’importe quel observateur peut aisément apprécier de nos jours – n’est pas une nouveauté.

Cette « grande valeur républicaine » est, comme bien d’autres – telles les féériques Liberté, Égalité ou Fraternité -, d’abord et avant tout un slogan, adaptable en fonction des vents dominants et surtout des flux d’argent… et, en nos tristes temps, les pétrodollars, indispensables aux emprunts d’État – voire offerts aux caisses électorales des partis bien-pensants -, font tourner la girouette dans le sens d’une quasi-impunité des prêcheurs de haine islamistes.

L’étude de l’histoire sert parfois à comprendre certaines attitudes pérennes, comme la soumission de la « droite-gauche-en passant par le centre marécageux » aux puissances d’argent… un jour peut-être, les membres autochtones de la Nation française comprendront-ils que seuls les populistes sont attentifs au bien-être des non-riches.




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