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miércoles, 18 de noviembre de 2015

Sur quoi s’appuyer actuellement dans notre monde moderne et relativiste ?


Qu’opposons-nous au terrorisme ?


Cet article n’engage que moi. Je livre ici plusieurs ressentis et interprétations personnelles sur les évènements récents.

Ce vendredi 13 novembre 2015 a été marqué par l’horreur, l’angoisse de l’attente, voire la perte d’un être cher. Nous vivons dans la crainte que les coups de feu retentissent à nouveau dans les rues de Paris. Cependant, cette horreur ne doit pas occulter notre réflexion et notre recul sur les évènements. Les médias – parfois sans éléments supplémentaires – recyclent les mêmes faits jusqu’à épuiser l’information et s’enlisent dans un culte de la peur, alimentant les psychoses, relayant les manifestations aux slogans arrogants (« Nous n’avons pas peur ») et hypocrites (il n’y qu’à voir les mouvements de paniques lors de fausses alertes). Si l’audimat est maintenu, les raisonnements figés évitent soigneusement d’aborder les faits sous un autre jour.

Quel spectacle offrent nos ministres ? Il faudrait s’habituer à vivre avec le terrorisme, belle perspective d’avenir pour une jeunesse déjà en perte de repères. Aveu d’impuissance ? Les menaces sont-elles réellement imprévisibles ? Il y a lieu de s’interroger quand nombre de ces terroristes étaient déjà connus et fichés pour leurs liens avec le terrorisme. Comment expliquer l’inaction des autorités françaises : « les autorités turques ont par deux fois fait un signalement à la France, en décembre 2014 et juin 2015, à propos d’Ismaël Omar Mostefaï, un des auteurs des attentats. […] Ankara n’a reçu de demande d’information de la France sur le suspect qu’après les attentats de vendredi. » source ? Comment un tel stock d’armes de guerre peut-il avoir été tranquillement accumulé ? Ne doit-on pas s’interroger sur cet accueil inconditionnel à nos « frontières » ? Les attentats contre Charlie Hebdo ont permis la mise en place de mesures restreignant les libertés et censées accroître la surveillance (de terroristes en puissance déjà identifiés ?). Quelques mois plus tard, le chemin est prêt pour que la population accepte d’elle-même davantage de restrictions : « 84 % des personnes interrogées se disent prêtes à accepter davantage de contrôles et une certaine limitation de leurs libertés » (source). Quel est réellement le but d’une telle surveillance de plus en plus intrusive (boîte noir des fournisseurs d’accès internet etc.) ? Si les enjeux nationaux (absorbés par ceux mondiaux) nous échappent dans leur ensemble, nous ne pouvons qu’être dubitatifs devant tant d’incohérences.

Face à ces évènements aussi massifs et brutaux, et surtout dans un contexte marqué par les élections régionales, le gouvernement est contraint de réagir. François Hollande annonce ainsi la fermeture des frontières (lesquels ?), Bernard Cazeneuve veut dissoudre les mosquées radicales (lui qui affirmait que prôner le jihad n’était pas un délit) et les bombardements français se sont « intensifiés », alors que quelques semaines plus tôt ce même gouvernement remettait en question l’intervention massive (et fortement médiatisée) de la Russie contre Daech. Il est vrai que Poutine joue sa carte politique à la hauteur des enjeux mondiaux (rien n’est anodin). Cependant, était-il opportun de s’interroger sur la pertinence de détruire l’ennemi, quand il est avéré que celui-ci peut frapper sur notre sol ? Attitude d’autant plus déplacée de la France qui, à côté d’autres pays comme les États-Unis, n’est pas indifférente à la situation actuelle en Syrie et à l’instabilité du pays.

Bref, si l’apitoiement est de rigueur, la mine défaite du jeu politique ne parvient pas à convaincre. Les discours sonnent faux.

La France paye, semble-t-il, l’indifférence opportuniste de nos politiques. L’incantation servile du « pas d’amalgame » ou de la « non-stigmatisation » exclue tout débat et le supposé « racisme » (dans une société qui « réfute » l’existence des races) vient clore ce qui, pourtant, doit être identifié pour être combattu. Et quand certains crient « Dehors les islamistes » d’autres rétorquent « Dehors les fachos ». Aujourd’hui, qui tue sur des critères religieux et applique des « degrés d’humanité » en fonction de la religion ou du sexe ? Combien de morts faudra-il encore pour que la France comprenne qu’elle pourra lutter si elle affirme ses limites ? N’est-il pas trop facile de résumer toute affirmation de son identité à la haine de l’autre ? L’essor du coaching pour développer la confiance en soi peine à masquer le manque cruel d’identité et de références.

Sur internet, nous avons aussi pu voir des musulmans arborant des pancartes « Not in my name » (« Pas en mon nom ») pour contrer tout rapprochement entre le terrorisme et l’Islam. Ces personnes se prennent-elles pour dieu ? N’est-ce pas plutôt au nom du dieu en qui elles croient que les attentats sont perpétués ? Beaucoup d’imams suivent le même schéma de défense, déplorant davantage les « raccourcis » que les évènements tragiques. Cherchent-ils à se protéger d’une quelconque responsabilité ? N’ont-ils pas la charge des lieux de leur culte (fréquentés pour certains par des fanatiques) ? N’ont-ils pas un rôle majeur à jouer dans l’interprétation qu’ils jugent juste du Coran ? Ne doivent-ils pas être les premiers à combattre ceux qui l’interprètent autrement ? Et comment trouver cette juste interprétation lorsque l’on peut lire, dans ce même livre, des phrases telles que « Celui qui tue un homme qui n’a pas tué, ou qui n’a pas commis de violence sur la terre, est considéré comme s’il tuait toute l’humanité. » (Sourate 5 :32) mais aussi « Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité » (Sourate 9:29) ? Alors, qui parle au nom de qui, quand personne ne semble réellement savoir de quoi l’on parle ? Comment doit être interprété un livre qui ne saurait être remis en cause (puisque dicté directement au prophète) et qui est considéré comme une vérité indubitable ? Les pays musulmans acceptent-ils la liberté d’expression et celle du culte comme nous le faisons en France ? Certains compareront le Coran à la Bible. Quel est réellement le point de comparaison entre une vérité dictée, et une Vérité qui s’est révélée à travers l’histoire (périlleuse mais libre) des Hommes ? Révélation progressive qui trouve son apogée par l’incarnation de cette Vérité dans le Christ (Nouveau Testament), qui vient combattre les fausses interprétations par Sa parole. Au sein de l’Islam, qui vient recadrer et donner la juste interprétation ?

Bref, à ces réactions, je préfère de loin le communiqué du collectif Fils de France (à lire ici) et sa condamnation sans équivoque des évènements.

Toujours est-il que ces attentas nous marquent et nous touchent directement. Ce n’est plus dans l’indifférence générale et à l’autre bout du monde que les coups de feu retentissent (où tous les jours l’El tue des centaines de personnes) mais c’est à notre porte que cela se passe. Là, impossible de zapper sur une autre chaîne pour retourner à notre confort rassurant. L’orgueil du « Même pas peur » français et son égoïsme sont criants. Aujourd’hui, l’autre bout du monde ne signifie plus rien quand tout est hyper-connecté (routes, aéroports, voies maritimes, médias…). Nous réagissons et pleurons nos morts seulement lorsqu’ils tombent sous les balles, dans les rues que l’on fréquente. Était-ce pour autant imprévisible ? Combien de personnes ont défilé dans les rues après les attentats contre Charlie Hebdo ? Combien, pendant les massacres des chrétiens en Syrie ? Ces morts si éloignées sont maintenant à nos portes mais les tueurs restent les mêmes.

Notons la réaction de soutien du peuple russe aux français, quand quelques mois plus tôt Charlie Hebdo jugeait utile de caricaturer l’attentat à leur égard.

En outre, Daech affirme dans son communiqué s’être attaqué à une « fête de la perversité ». Est-ce un hasard si l’affiche du concert montrait une femme à moitié nue (sans parler des paroles du groupe) ? Quand eux voilent leur femme nous les dénudons à outrance. Deux extrêmes s’attirent, et c’est dans la juste mesure que nous devrions pourtant nous affirmer. D’aucun continueront à ranger ces terroristes dans la catégorie des « cinglés » agissant sans raison, alors que tout montre que leurs actions horrifiques sont ciblées et s’inscrivent dans une logique plus globale.

Autre point : la place du catholicisme dans l’époque de nos grands-parents donnait, à mon sens, une certaine cohérence à notre pays, par un socle de valeurs communes, réussissant à regrouper le peuple autour d’une vision de la société globalement unifiée (avec ses excès il est vrai aussi). Sur quoi s’appuyer actuellement dans notre monde moderne et relativiste ? Comment porter la lourdeur de son existence sans savoir sur quel support stable la reposer ? Quand notre société tue la vie dans ses débuts et l’élimine à la toute fin, comment prétendre défendre la vie humaine face à ceux pour qui elle ne représente rien ? Que représente-t-elle pour notre société d’aujourd’hui ?

Nous devons nous interroger sur les valeurs qui font obstacle au terrorisme. S’agit-il de notre individualisme ? De notre relativisme dont le vide se remplit du plus obscène ? Est-ce notre consommation effrénée de biens matériels ? Ou bien encore nos divertissements incessants qui rythment nos loisirs, nous empêchent de réfléchir, de penser notre vie et nos engagements ? A quoi se résument nos weekends et nos dimanches ?

La journée du 16 novembre a été marquée par une minute de silence et les bougies aux fenêtres. C’est pour moi le signe d’une société en crise de spirituel, qui en utilise les symboles, mais refuse d’en reconnaître le sens. Le silence du recueillement à t-il un sens sans prières ? La lumière d’une bougie pour symboliser la vie sans la Vie par excellence ?

Enfin, je suis persuadé que nous ne lutterons contre l’horreur qu’en élevant l’intelligence, le cœur et l’âme, vers ce qui nous dépasse et non ce qui nous aliène. Pour que la France se relève, la seule espérance tient à sa capacité à réfléchir à ce qui l’anime et à ce qui fait son identité (culture, valeurs, religion…). C’est cela qui fera barrage au terrorisme, bien au-delà du théâtre politique. Et cela passe concrètement par chacun d’entre nous : quelles sont nos valeurs ? Sur quoi s’appuient-elles ? Vers quoi s’élèvent-elles ? Que transmettrons-nous à nos enfants ?

Ces terroristes sont prêts à mourir pour leur dieu. Et nous, dans notre liberté et notre intelligence, pour quoi sommes-nous prêt à nous donner ?

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