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sábado, 12 de abril de 2014

La lucidité ne mène pas à la résignation, elle conduit à l’action intelligente


Pour accéder au bonheur, il faut être lucide

par Jean Bernard Boulnois


Le bonheur idéalisé, tel que la société de consommation veut nous le vendre, est impossible à atteindre. La solution ? Pour être heureux, adoptons une « lucidité rayonnante », la voie qui ouvre à la tolérance, à la douceur et à une compréhension plus profonde de ses émotions.

Le bonheur, c’est le nouveau Graal de notre époque. On veut une vie sans souffrance, on recherche des émotions toujours positives, on aspire à un épanouissement personnel permanent, on est perpétuellement à la quête de l’estime de soi. Ces mirages nous rendent frustrés, déprimés et nombrilistes. Ilios Kotsou, spécialiste de l’intelligence émotionnelle et de la pleine conscience, nous dit dans son nouvel ouvrage que pour accéder au bonheur, il faut accepter adversité, épreuves et imperfection. Bref, accepter la réalité du monde. Ce qui n’empêche pas d’être heureux d’exister. Explications.

Le Vif/L’Express : Au centre de votre livre, il y a une remise à plat de la quête du bonheur. Pourquoi ?

Ilios Kotsou : Le bonheur est en train de devenir la nouvelle religion de notre société de consommation. Il y a des personnes qui ont tout et qui ne vont pas bien car elles valorisent le bonheur sous sa facette hédonique, en mettant l’accent sur l’épanouissement individuel, l’atteinte du plaisir et l’évitement de la douleur, comme un mirage dans le désert. De nos jours, on nous vend l’idée qu’une vie heureuse ne comporte ni épreuves ni souffrances. Moi, je plaide pour la lucidité, autrement dit la capacité de regarder ce qui est de manière réaliste. Il ne suffit pas de positiver pour aller bien. La lucidité dont je parle, c’est la capacité d’apprécier les bienfaits qui se présentent dans notre vie plutôt que d’être à la poursuite d’un bonheur idéalisé. Prenez l’exemple du « syndrome de Paris ». Ce trouble psychologique touche des touristes japonais, déçus par l’écart entre leur vision idéalisée de Paris et la réalité. Etre lucide, ce n’est pas être négatif. Les gens négatifs sont aigris et déçus de ne pas avoir atteint leurs illusions. La lucidité, c’est la capacité de se réjouir du positif quand il est là. Le bonheur est possible, c’est le chemin de la vie. Le but, c’est d’être conscient et d’accepter les difficultés, la souffrance, l’inconfort et savourer les petites joies. Le psychanalyste Patrick Declerck aime à dire : « Souviens-toi qu’il existe deux types de fous. Ceux qui ne savent pas qu’ils vont mourir et ceux qui oublient qu’ils sont en vie ».

Vous pointez notre intolérance à l’idée de l’inconfort...

Dans une situation difficile, l’inconfort se manifeste par des sensations et des émotions désagréables telles, par exemple, l’insatisfaction, la frustration, l’anxiété ou la tristesse. Pour y échapper, nous tentons de les supprimer, de ne plus les sentir ni les ressentir. Nous mettons donc en place les actions pour essayer de contrôler ou de modifier ces sentiments et les situations qui les génèrent. Les scientifiques appellent ce mécanisme « l’évitement émotionnel ». Or, éviter les émotions difficiles à tout prix, les réprimer, n’amène pas le bien-être à long terme. Primo : on consomme beaucoup d’énergie. Secundo : paradoxalement, on va les renforcer car elles amènent souvent des comportements qui ne sont pas bons pour nous. Un exemple : quelqu’un qui vit un événement stressant va boire de l’alcool, fumer un joint ou se ruer sur le paquet de chips ou une tablette de chocolat. L’anesthésie émotionnelle par l’alcool ou le petit joint du soir est efficace à court terme mais ne règle pas le problème. Plutôt que de refuser l’évitement émotionnel, on peut accepter de vivre dans l’inconfort. Les émotions vont devenir moins dérangeantes et on va pouvoir continuer d’aller dans la bonne direction. Il est important de rappeler que nos émotions, même les plus difficiles comme l’anxiété ou la tristesse, sont utiles car elles permettent notre adaptation aux contraintes environnementales. Elles nous renseignent sur l’environnement et les dangers potentiels, nous préparent à affronter les difficultés et nous aident à communiquer avec les autres. Plutôt que l’évitement émotionnel, je préconise la tolérance qui est une forme d’acceptation. L’acceptation permet de mieux supporter l’inconfort et la douleur, et ce même en situation de stress intense. Quand on est capable de vivre avec les émotions désagréables, on est plus libre.

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