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jueves, 17 de abril de 2014

Il y a certes des « pourris » chez les politiciens, mais leur proportion est-elle véritablement si importante ?


Les politiques tous pourris ? 
Non, c’est le système qui l’est…

Entretien avec Alain de Benoist réalisé par Nicolas Gauthier

S’il faut en croire les gazettes, l’un des arguments majeurs des « populismes », quelle que soit la définition qu’on puisse donner de ce terme, c’est le fameux « Tous pourris ! » Il y a certes des « pourris » chez les politiciens, mais leur proportion est-elle véritablement si importante ?

Sans doute pas plus que dans bien d’autres professions. Tous les hommes politiques ne s’appellent pas Balkany, Cahuzac ou Guérini, même si beaucoup d’entre eux manifestent une indéniable propension à excuser ou masquer les turpitudes de leurs « moutons noirs ». La classe politique française est dans son ensemble très médiocre, ses représentants disent rarement la vérité, ils emploient systématiquement la langue de bois. Mais il y a parmi eux des hommes honnêtes et même intègres, n’en déplaise aux commentateurs pour qui la réflexion politique se réduit à l’éructation d’injures électroniques.

Ce que l’on peut dire, en revanche, c’est que la vie politique est plus propice que beaucoup d’autres sphères d’activité à des formes actives ou passives de corruption. Les milieux de pouvoir ont toujours été proches des milieux d’argent. La tentation est grande de passer entre les deux des « arrangements » qui tombent sous le coup de la loi. Pour le dire autrement, on peut être honnête en politique, mais il est peut-être plus difficile de le rester que lorsqu’on exerce un autre métier. Le « Tous pourris ! » (ils sont « tous nuls », il n’y en a « pas un pour racheter l’autre », etc.) exprime une présomption de culpabilité plus encore qu’il ne procède d’un constat.

Ne serait-ce pas l’actuel « système » qui serait pourri, tel ce communisme jadis donné pour « intrinsèquement pervers » par le pape Pie XI ?

Les gens aiment bien avoir des boucs émissaires. C’est la raison pour laquelle ils imputent souvent à des hommes (ou à des catégories d’hommes) des défauts ou des vices propres au système dont ceux-ci ne sont que les représentants. D’une façon générale, ils ont beaucoup de mal à comprendre que les systèmes relèvent par définition d’une analyse systémique. Il est plus facile, par exemple, de dénoncer les méchants « banquiers » (ou les « grands initiés » qui « tirent les ficelles » en coulisses) plutôt que de faire une analyse critique du système de l’argent ou des mécanismes par lesquels les marchés financiers ont pris le contrôle des États.

Les gens de droite, qui sont en général idéologiquement peu structurés, sont particulièrement portés à poser les problèmes en termes de personnes. Ils sont comme ces parents de victimes qui, pour « faire leur deuil », ont besoin qu’on leur désigne des « coupables ». Malheureusement, il n’y a pas toujours de coupables ou de responsables qu’on puisse identifier nommément. Et quand il y en a, on réalise vite qu’ils ne sont eux-mêmes que des pièces d’un dispositif beaucoup plus vaste. Les arbres ne doivent pas masquer la forêt.

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