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martes, 30 de junio de 2015

«L'Occident s'achève en bermuda» : si l'on regarde vers l'Occident, de quelle civilisation parlons nous?


Manuel Valls, la guerre de civilisation et Philippe Muray

Par Vincent Tremolet de Villers


Après les attentats sanglants de vendredi, Manuel Valls a évoqué «une guerre de civilisation». Vincent Tremolet de Villers s'interroge sur le sens du mot «civilisation» et invite le Premier ministre à lire Philippe Muray.


«Guerre de civilisation» : les mots du premier ministre claquent de leur force belliqueuse et transportent avec eux un imaginaire où se mêlent Soliman le Magnifique, la bataille de Lépante, Samuel Huntington, Oussama Ben Laden et George W. Bush. Si le mot «guerre» est difficilement discutable - comment qualifier autrement une froide décapitation signant l'allégeance à un groupe, Daech, qui a appelé à tuer les Français par tous les moyens (couteaux, pierres, automobiles…) -, celui de «civilisation» est moins évident. Et même, disons-le, inapproprié.

Si l'on regarde vers l'État islamique, une telle barbarie peut-elle porter le nom qui évoque le rayonnement des nations et des empires à travers les siècles, le génie des sociétés à protéger ce qui fait, en l'homme, l'humain?

Si l'on regarde vers l'Occident, de quelle civilisation parle le premier ministre? S'agit-il de la «certaine lumière spirituelle» chère à Saint-Exupéry? «La civilisation, disait-il, est un lien invisible, parce qu'elle porte non sur les choses mais sur les invisibles liens qui les nouent l'une à l'autre.» Ce peut être Haendel comme le déjeuner à la ferme sous les oliviers. Le grand Dante et le chevrier que le petit Marcel Pagnol croisait sur les sentiers du Garlaban.

Manuel Valls songe-t-il à Homère, Virgile, saint Augustin, Érasme, Cervantès, Michel-Ange, Shakespeare, Pascal, Bach, Goya, Hugo,Pasteur, Marie Curie, Proust, Simone Weil, Camus, qui ont porté au plus haut le génie occidental: la liberté intérieure, l'exigence de l'esprit, l'élévation de l'âme, la galanterie, le soin du plus faible? Ou a-t-il en tête un club de consommateurs, de «déambulateurs approbatifs» (Muray), qui applaudit Conchita Wurst devant le Parlement européen, qui a remplacé la sociabilité par «le vivre ensemble», la morale commune par le tri sélectif, et dont la seule fierté réside dans le mépris vis-à-vis de tout ce qui le précède et l'adoration de lui-même?

Cette question, la seule qui vaille, un de nos esprits les plus acérés se l'est posée en 2002, un an après les attentats du 11 Septembre. Dans un texte prophétique, Chers djihadistes(Mille et Une Nuits), Philippe Muray voyait venir non pas une guerre de civilisation, mais plutôt un choc entre deux incultures, deux barbaries. Inconsolable et gai, il faisait mine d'abord de s'amuser de cette impasse. «L'Occident s'achève en bermuda», écrivait-il, avant de lancer aux djihadistes cette menace: «Craignez le courroux de l'homme en bermuda. Craignez la colère du consommateur, du voyageur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont ramollis. Eh bien nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement.»

Quelle civilisation?

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