Les lois sociétales
créent-elles un climat de quasi guerre civile ?
Guillaume Bernard François Kalfon et Jean-Pierre Deschodt
La loi sur le mariage pour tous a montré que des ruptures profondes existaient toujours en France sur les grandes questions de société. Reste à savoir jusqu'où ces tensions peuvent mener.
Notre situation est, à l’évidence, particulièrement inquiétante car trois insécurités frappent de concert notre société : une insécurité physique et matérielle (délinquance), une insécurité économique et sociale (division internationale du travail, délocalisations) et une insécurité culturelle (multiculturalisme, déracinement).
Le "cocktail" peut être explosif.
Jusqu’à quel point cette tension peut-elle monter ? Quelles peuvent en être les conséquences ?
François Kalfon : Qu'il puisse y avoir des avis très tranchés, sur ces sujets, est une chose. Est-ce qu'il faut craindre une radicalisation des dispositifs revendicatifs ? Je ne le crois pas et je ne le souhaite pas. Je pense que notre République est assez mature pour absorber ce genre de débats dès lors qu'ils sont poursuivis sans provocations. Le gouvernement devrait savoir faire progresser les positions qui font l'objet d'un concensus suffisamment avancé et de faire œuvre de pédagogie en ce qui concerne les sujets méritant encore d'être discutés.
Jean-Pierre Deschodt : Il y a toute une série de mots précisant la progression de ce phénomène. De l'émotion à l'émeute, de l'émeute au soulèvement, du soulèvement à la révolte, de la révolte à l'insurrection (c'est-à-dire le refus de reconnaître comme légitime l'autorité à laquelle on était jusqu'alors soumis), ces étapes donnent au fait révolutionnaire toute son étendue. A côté de cela, pour qu'il y ait une explosion, il faut la présence de deux éléments distincts, un mélange détonnant et une étincelle. Tout ce qui peut accroître le mécontentement, le nombre des mécontents ainsi que les actes arbitraires du pouvoir (attentats contre la liberté, le bon sens, la sécurité des citoyens), tout ce qui peut mettre en évidence la faiblesse ou l'incapacité du pouvoir (maladresses, scandales), annonce la marche vers des bouleversements sociaux ou politiques dont l'issue est encore une fois imprévisible.
.................
No hay comentarios:
Publicar un comentario