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domingo, 5 de julio de 2015

La Tunisie face à la menace terroriste


La menace terroriste souligne le besoin en Tunisie d’un État, d’un État qui remplisse ses fonctions régaliennes
Par Malik Ayari.

L’armée des invisibles est horizontale, sans hiérarchie, et se propage de façon omnidirectionnelle. Auto-radicalisés à domicile, ou radicalisés à distance depuis la Syrie ou l’Irak, ces individus ciblent désormais l’ennemi proche, « le Tyran » (Taghout en Arabe).

La Tunisie, jadis ménagée par les jihadistes comme terre de prédication (ardh el Daawa), s’achemine vers le statut peu envié de domaine de la guerre (dar el harb) à la faveur de la folie meurtrière de daech.

« Nous sommes désormais à la 3ème génération du Jihad où à la verticalité d’Al Qaida, (Ben Laden payait les billets d’avion, l’entrainement au pilotage, et sélectionnait les équipes), Daech oppose l’horizontalité, une stratégie analogue à celle du rhizome révolutionnaire théorisée parDeleuze« , analysait Gilles Kepel.

Abou moussa Al souri, l’homme qui avait opérationnalisé ce nouveau jihad, l’avait bien compris et c’est cette dynamique qu’il a cherché à promouvoir en réaction au 11 septembre d’Oussama Ben Laden avec qui il était en désaccord sur la stratégie à adopter : l’Amérique disait-il, ennemi lointain, était encore trop forte, trop puissante pour pouvoir s’y attaquer frontalement.

L’Europe avec ses immigrés marginalisés et les régimes « impies » d’Afrique du Nord, véritables ventres mous, présentaient beaucoup plus d’attraits en tant que cibles, du fait de leur proximité.

La Tunisie naviguant douloureusement sur la voie de la transition constitue désormais la quintessence même de ces cibles : frapper l’ennemi proche et l’ennemi lointain en même temps. La Tunisie constitue la base arrière rêvée au Maghreb, notamment pour l’EI en Libye, à l’image de la Turquie pour l’EI en Irak et en Syrie. La menace est lourde.

Pour se défendre, la tentation est grande pour la Tunisie de compter, légitimement, sur l’aide extérieure en continuant à capitaliser sur l’image de plus en plus élimée de bon élève du désormais labélisé « printemps arabe ».

L’attentat de Sousse est un indicateur de montée en puissance de la stratégie jihadiste visant justement à couper les capacités d’interaction de la Tunisie avec l’extérieur, comme le soulignait Alain Chouet, ancien directeur de la DGSE, à propos de l’attentat du Bardo, qui constituait disait-il « le prolongement de la stratégie d’ennahdha » (mais ça n’est pas le propos ici).

Le pays se retrouve très affaibli par cette épreuve, mais non dénué de ressources. Limiter la menace est encore possible, pourvu d’accepter la complexité et le caractère multiforme que requiert la riposte.

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