Démocratie, populisme et Manif Pour Tous
Jean-Pierre Maugendre
La démocratie montre son vrai visage.
Où sont nos voies de salut ?
Derrière quel chef ?
Certains s’étonnent, voire se scandalisent, en constatant que le gouvernement de François Hollande ne semble tenir aucun compte, à propos de ses projets de dénaturation du mariage, de l’opposition populaire concrétisée par le million de manifestants du 13 janvier dernier, les 700 000 signatures rassemblées et déposées, sans résultat, au CESE et les 1,4 million de manifestants du 24 mars. C’est n’avoir rien compris à ce qu’est la démocratie moderne.La démocratie classique est un système politique, parmi d’autres, qui se caractérise par le choix, par voie électorale, des gouvernants par les gouvernés. Dans les sociétés traditionnelles, les gouvernants, issus ou non de l’élection, sont soumis à un ordre qui les dépasse : ce sont les lois éternelles auxquelles Antigone en appelle contre Créon, le Décalogue que le peuple juif a reçu de Dieu en personne sur le mont Sinaï et auquel il ne peut changer un seul iota, les lois fondamentales du royaume auxquelles le roi de France lui-même est soumis.
La démocratie moderne
La démocratie moderne est tout autre chose. Il s’agit d’abord du seul mode de gouvernement considéré par ses promoteurs comme légitime : la démocratie n’est plus un moyen comme un autre de désignation des gouvernants mais un but en soi.
Ensuite, selon l’article 3 de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « Le principe de toute souveraineté repose essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. » Nulle autorité n’est légitime hors du processus démocratique.
Enfin, logiquement, elle décide souverainement de ce qui est bien et de ce qui est mal. Il n’existe plus aucune protection contre la volonté dite démocratique, ce qui est la porte ouverte à tous les totalitarismes.
La démocratie serait donc la volonté du peuple exprimée par le vote. Populus locutus est, causa finita est. Le peuple a parlé, la cause est entendue. Si cela était, comment expliquer le mépris dans lequel ont été tenus les résultats des référendums irlandais, français ou néerlandais sur la construction européenne ? Comment expliquer la complaisance internationale dont a bénéficié la junte militaire au pouvoir en Algérie en 1990 écrasant dans le sang, au prix de centaines de milliers de victimes, les islamistes du Front Islamique du Salut assurés de la victoire aux élections municipales alors en cours ?
Il y a à cela une explication simple, que donne Jean-Jacques Rousseau dans Le Contrat Social : « L’homme est un tout parfait et solitaire. » Parfait, il décide lui-même de ce qui est bien et de ce qui est mal. Solitaire, il ne dépend de personne et n’est en aucune manière déterminé par la nature, l’histoire, la langue, le sexe... L’homme démocratique est libéré des préjugés et des fanatismes, selon l’éclairante terminologie de Vincent Peillon, car chacun le sait : « La loi naturelle est fasciste. » Toute la philosophie des Lumières suinte cette haine des « paysans », des « sauvages », des « brigands », des « fanatiques », des « barbares »… La volonté du peuple qui doit être respectée est celle de l’homme démocratique absolument libre de tout conditionnement extérieur.
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