Translate

domingo, 3 de marzo de 2013

« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle », écrivait Péguy...

L’ultime combat de Charles Péguy


Samedi 5 septembre 1914. Le régiment de Péguy est aux portes de l’Île-de-France. Les Allemands viennent de conduire une contre-attaque générale. Péguy va être tué. Le lendemain commence la bataille de la Marne.
Il le savait : la rivalité qui oppose la France et l’Allemagne depuis 1871 rend la guerre inéluctable. « Il ne dépend pas de nous que l’événement se déclenche mais il dépend de nous d’y faire face », écrit Charles Péguy. Le dimanche 2 août 1914, il revêt son uniforme noir et rouge de lieutenant d’infanterie de réserve et fait ses adieux à sa femme Charlotte, qui est enceinte, et à ses deux plus jeunes enfants, Germaine et Pierre. L’aîné, Marcel, l’accompagne à la gare de Bourg-la-Reine prendre le train pour Paris. Le mardi 4 août, Péguy doit rejoindre le 276e régiment d’infanterie à Coulommiers et, de là, gagner le front.

Il met à profit les deux dernières journées de liberté qui s’offrent à lui. De son pas de marcheur, il rend une dernière visite à ses amis… et à ses ennemis. Ses affaires doivent être en ordre avant le grand départ. Au cours d’un long conciliabule, il confie ses enfants à Henri Bergson, son maître en philosophie, “au cas où il ne reviendrait pas”.

Bergson incarne pour lui la philosophie française renouvelée face à une école allemande omnipotente depuis Kant et Hegel. À Pierre-Marcel Lévi, auquel un vif désaccord l’avait opposé à propos du service militaire de trois ans, et qui lui dit : « Tu as une femme, des enfants et tu peux toi-même être tué », il répond d’un ton sec : « Je m’en fous ! » Sa brouille avec Jean Jaurès ne peut être levée : le tribun est mort assassiné le vendredi précédent. Quant au jeune romancier Alain-Fournier, il a déjà rejoint son régiment.

Revenu une dernière fois dans la boutique des Cahiers de la quinzaine, la revue qu’il a fondée en 1900, Charles Péguy regarde les piles alignées sur les étagères. Elles sont le témoin de toutes les luttes qu’il a menées depuis quinze ans. Car il en a livré des combats, il en a ressenti des révoltes, au prix de ruptures avec d’anciens amis ou de rapprochements inattendus. À la fois intransigeant et généreux, Péguy sait aussi bien aiguiser sa plume que reconnaître ses erreurs. Sa conversion religieuse tardive en 1908, à l’âge de 35 ans, en est la preuve. Et elle ne l’empêche pas de ferrailler contre le Vatican et les dévots au nom de la foi du charbonnier.

....................

Lire ici: www.valeursactuelles.com

No hay comentarios:

Publicar un comentario