Le 19 septembre 2016, l’Institut Montaigne a publié un rapport intitulé Un islam français est possible. Les conclusions de l’enquête sur laquelle se base ce rapport font ressortir que 28 % des musulmans interrogés, jeunes pour la plupart, adhèrent à "un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République", considérant l’islam comme un moyen de "s’affirmer en marge de la société française".
Le mot "charia" connaît une certaine banalisation dans les médias, si bien qu’il peut donner l’impression d’être une réalité simple. Or, il s’agit d’une notion extrêmement complexe, très diverse selon les pays et les cultures, et bien éloignée de la rationalité qui prévaut dans le droit occidental. Il convient donc d’en examiner la réalité sous ses différents aspects.
Définitions
Etymologie
Dans son sens littéral, le mot charia n’a rien à voir avec la loi ou le droit islamique puisqu’il signifie "voie", sous-entendu "à suivre". Il vient de la racine char, qui, dans le désert, désignait le "chemin qui mène au puits", information importante pour les bédouins d’Arabie au VIIème siècle. Par analogie, dans le Coran, charia – terme qui ne s’y trouve que trois fois – désigne la "voie droite", qui seule mène à Dieu. C’est le chemin idéal, inaccessible car hors de portée de la créature humaine.
L’usage coranique de "charia" n’est pas exclusif à l’Islam. Il concerne aussi le judaïsme et le christianisme, religions qui lui sont antérieures et que l’Islam considère comme ayant été, au départ, révélées par Dieu, puisque les juifs ont reçu la Torah de Moïse, puis les chrétiens l’Évangile de Jésus. Mais, selon le Coran, les uns et les autres s’en sont détournés en falsifiant leurs Ecritures. Pour y remédier, une nouvelle et définitive "voie", celle de l’Islam, a été communiquée par Dieu à Mahomet. Le Coran raconte lui-même cette succession (5, 43-48 ; cf. aussi 6, 91 pour le judaïsme et 3, 50 pour le christianisme).
La "voie" coranique abroge les deux précédentes ; elle est destinée à l’humanité entière."Nous t’avons révélé le Livre et la Vérité, pour confirmer ce qui existait du Livre, avant lui, en le préservant de toute altération" (5, 48).
Souveraineté absolue de Dieu
Or, au-delà de l’énoncé d’une doctrine religieuse et d’évocations historiques, qui relatent notamment les mauvais sorts subis par les peuples indociles ou déviants, lacharia islamique ressort de la souveraineté d’un Dieu qui ne révèle rien de son essence mais à qui "appartient le Commandement tout entier" (13, 31). Ce Dieu dicte alors à Mahomet ce qu’il convient d’accomplir pour lui obéir. "Nous t’avons ensuite placé sur une voie relative au Commandement ; suis-là donc" (45, 18).
Et l’ordre divin comporte du permis (halal) et de l’interdit (haram), ainsi que de l’obligatoire (wâjib), du recommandé (mandûb) et du blâmable (makrûh). Selon le commentateur Qatâda (VIIIème siècle), la charia est faite "de devoirs, de châtiments, d’ordre et de défense" (Dictionnaire du Coran, Robert Laffont, 2007, p. 819). En fait, tous les actes humains, publics et privés, même les plus intimes, sont appréciés à l’aune de la charia.
Cette "voie" se situe dans le cadre d’une relation de maître à esclave. "Je n’ai créé les djinns [esprits de feu] et les hommes que pour qu’ils m’adorent" (51, 56), le verbe "adorer" étant ici pris dans le sens de soumission.
La charia indique le chemin à suivre pour tout musulman (identité que chaque être humain est appelé à reconnaître) aspirant à être récompensé dans l’Au-delà et à échapper aux punitions réservées aux récalcitrants. Le Coran abonde en menaces de ce genre. Cf. p. ex. "Avertis les hommes du jour où leur viendra le châtiment " (14, 44).
Le Dieu de l’Islam est donc le Législateur suprême. Il s’ensuit que l’Islam n’est pas qu’une religion, il est aussi, et inséparablement, une Loi. C’est ainsi que le motcharia est devenu synonyme de Loi islamique, ou mieux, de Loi divine.
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